En
ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si le monde a de la haine
contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous
apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous
n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant
dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas
plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera,
vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre. Les
gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom, parce qu’ils ne
connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »
"Ce
que je vous commande, disait Jésus en commentant l’apologue de la
vigne, c’est de vous aimer les uns les autres". Curieusement le texte se
poursuit par dix versets sur la haine, la haine du monde pour Jésus et
pour ses disciples.
Pour
comprendre la pensée de Jésus, il faut ici nous familiariser avec le
langage du quatrième Évangile. Quand Jésus, dans saint Jean, parle de
monde, il s’agit, selon les textes, de trois choses différentes.
Ou
bien "le monde" désigne la terre et les hommes qui l’habitent: "Je suis
venu dans le monde" (18,37), "Le Père a envoyé le Fils dans le monde"
(10,36); ou bien "le monde" vise uniquement l’ensemble de l’humanité,
que Dieu veut sauver: "Dieu a tant aimé le monde" (3,16), "Je suis la
lumière du monde", c’est-à-dire la lumière pour tous les hommes (8,16);
ou bien encore - et c’est le cas dans ce passage d’évangile - "le monde"
désigne ceux qui s’opposent au message de Jésus, et donc à l’initiative
du Père: c’est le monde du refus.
"Si le monde vous hait, dit Jésus, sachez qu’il m’a haï avant vous".
Il
ne s’agit pas d’une haine secrète, qui reste tapie au fond des cœurs :
c’est une haine active et efficace, qui va jusqu’à la persécution :
"S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi" ; et
l’histoire contemporaine ne cesse de vérifier cette prophétie du
Seigneur : de la calomnie au goulag et au massacre tribal, tous les
moyens sont bons pour faire taire les disciples de Jésus.
Ce
que le monde, le monde du refus, ne supporte pas, c’est la différence.
Ce que l’on reproche aux chrétiens, c’est d’aborder les réalités de
l’homme, de son présent et de son avenir, avec d’autres critères,
d’autres certitudes, et dans d’autres perspectives. Le chrétien, qui vit
dans le monde, n’est pas de ce monde, car l’Esprit Paraclet lui apprend
d’où il vient et où il va. Le chrétien échappe au monde du refus et à
son entreprise d’autonomie par rapport à Dieu ; et cette liberté filiale
dans l’obéissance à Dieu, le monde ne la pardonne pas aux disciples de
Jésus : "Moi, je vous ai choisis en vous tirant du monde, voilà pourquoi
le monde vous hait".
En
fait cette haine du monde ne fait pas échec à Dieu ni à son dessein de
salut, car l’œuvre de haine, la persécution, loin de séparer le croyant
de son Sauveur, intensifie sa relation au Fils et au Père. Mieux encore,
la persécution nous fait entrer dans la réponse filiale de Jésus à son
Père.
Parce
qu’ils ne connaissaient pas et n’acceptaient pas Dieu qui envoie, des
hommes du refus ont persécuté Jésus l’Envoyé, obéissant jusqu’à la mort ;
et en refusant Jésus, d’autres hommes du refus haïssent au long de
l’histoire tous ceux que Jésus envoie. Le procès intenté à Jésus et qui
l'a mené à la croix se perpétue en procès contre son Église sainte. Le
chrétien serviteur "n’est pas plus grand que son maître", comme le
disait déjà Jésus au moment du lavement des pieds. De même l’Église
servante épouse tout le destin de son Seigneur : destin de service,
destin d’obéissance inconditionnelle.
Ne
voyons là aucun masochisme, aucun goût de l’échec, car l’Église ne se
précipite pas vers l’incompréhension, pas plus qu’elle ne défie les
persécuteurs. Simplement, Jésus a voulu pour nous ce réalisme : tant que
le refus traînera dans le cœur des hommes, il en coûtera toujours
d’aimer et de servir le Christ. Et cette certitude de reproduire le
mystère du Christ à travers les persécutions prévient en nous tout
étonnement et tout scandale : "Ne vous étonnez pas, disait saint Jean,
si le monde vous hait" (1 Jn 3,13).
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Jeudi 4 avril 30
Lieu Jérusalem
Livre Tome 9 – ch 600.33 Préparation à la Passion
Ce que je vous commande, c’est de vous aimer et de pardonner.
Avez-vous compris ? Si le monde connaît la haine, n’ayez en vous que de
l’amour. Pour tous. Combien de traîtres trouverez-vous sur votre route !
Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le mal. Autrement, le
Père ne vous pardonnera pas. J’ai été haï et trahi avant vous. Et
pourtant, vous le voyez, je ne hais personne. Le monde ne peut aimer ce
qui n’est pas comme lui. Il ne vous aimera donc pas. Si vous lui
apparteniez, il vous aimerait ; mais vous n’êtes pas du monde, car je
vous ai pris du milieu du monde, et c’est pour cela que vous êtes
détestés. Je vous ai dit : le serviteur n’est pas plus grand
que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous
aussi. S’ils m’ont écouté, ils vous écouteront vous aussi. Mais ils
feront tout à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas, ne
veulent pas connaître Celui qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu et ne
leur avais pas parlé, ils ne seraient pas coupables, mais maintenant
leur péché est sans excuse. Ils ont vu mes œuvres, entendu mes paroles,
et pourtant ils m’ont haï, et avec moi le Père, parce que le Père et
moi, nous sommes une seule Unité avec l’Amour.
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