Que j’éveille l’aurore.      
Psaume 56, verset 9
Me réveiller chaque matin en pensant d’abord à toi. Ouvrir les volets chaque matin en me demandant ce que sera ta journée. Entendre chaque matin des sirènes d’ambulance, de pompiers, ou de police. Laisser s’envoler une prière pour ces inconnus qui souffrent comme ce jour où tu étais toi-même la préoccupation de ces secours. Me sentir chaque matin démunie, impuissante, questionnée sur le sens de ta vie, triste lorsqu’il pleut et que je te sais coincée entre tes quatre murs, rassurée lorsque brille le soleil et qu’une courte promenade te sera possible, heureuse lorsque je sais qu’enfin quelqu’un passera te voir.
Demeure dans un recoin de mon cœur de maman blessée l’envie de vivre, de rire, de partager, d’aimer. J’ai le désir de laisser la joie prendre le dessus, la joie de la vie, la joie de tous les possibles.
Je crois que Dieu habite cette terre, qu’il demeure en chacun de ses enfants, qu’il veille en toi, dans ton silence et ton mystère. Il est la source de la joie intérieure qui m’habite malgré l’épreuve. Il est celui qui donne sens à l’insensé de ta vie. Il m’invite à lâcher prise, à essayer d’accepter de ne pas tout comprendre, à lui faire confiance, à accueillir le jour qui vient dans la joie de ce que j’ai, et non dans la tristesse de tout ce que j’ai perdu. Pas facile tous les jours, mais depuis 17 ans, le temps a fait son œuvre.
Alors qu’une bonne dizaine de soignants veillent sur toi jour et nuit, celle que tu es devenue m’a fait devenir veilleur : veilleur face à la fragilité, au don gratuit de l’amour.
Merci Olivia.