Heureux donc celui en qui règne cette précieuse Sagesse qui révèle à l'âme la saveur de Dieu et de ce qui est de Dieu !
« L'homme animal, nous dit l'Apôtre, est privé de ce goût qui perçoit ce qui vient de l'Esprit de Dieu » (1 Co 2,14).
Toute la vie en est comme assainie, ainsi qu'il arrive à ceux qui font
usage d'aliments qui leur conviennent. Il n'y a plus de contradiction
entre Dieu et l'âme, et c'est pour cette raison que l'union est rendue
facile : « Où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté », dit
l'Apôtre (2 Co 3,17). Tout devient aisé pour l'âme, sous l'action de
l'Esprit de Sagesse. Les choses dures à la nature, loin d'étonner,
semblent douces, et le cœur ne s'effraie plus autant de la souffrance.
Non seulement on peut dire que Dieu n'est pas loin d'une âme que
l'Esprit-Saint a mise dans cette disposition ; mais en outre, il est
visible qu'elle Lui est unie. Qu'elle veille cependant sur l'humilité ;
car l'orgueil peut encore monter jusqu'à elle, et sa chute serait
d'autant plus profonde que son élévation est plus grande.
L’obstacle à ce don de Sagesse, c’est de vivre habituellement dans le
péché. Car, à long terme, un des effets pernicieux du péché c’est de
tout durcir : la tête ; le cœur, l’âme, le tempérament. Les anciens
appelaient cela la « cardio-sclérose » : on devient de mauvaise humeur,
agressif, mécontent. Et les autres doivent tout supporter. Le péché
insensibilise, anesthésie aux choses de Dieu. Tandis que la sagesse,
elle, adoucit et transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair.
L’Esprit-Saint imprègne, dit la liturgie, telle une onction, telle une
rosée. « Apprenez de moi, dit jésus, que je suis doux… »
L'homme moins grossier, mais livré à l'esprit du monde, est également
impuissant à comprendre ce qui fait l'objet du don de Sagesse et ce que
révèle le don d'Intelligence. Il juge ceux qui ont reçu ces dons, et il
les blâme ; heureux s'il ne les traverse pas, s'il ne les poursuit pas !
Jésus nous le dit expressément :
« Le monde ne peut recevoir l'Esprit de Vérité, parce qu'il ne le voit pas ; et ne le connaît pas » (Jn 14,17).
Un moyen pour recevoir ce don : cultiver des instants de recueillement.
Nous avons tous beaucoup à faire. Mais pour faire bien tout ce qui est à
faire, il faut savoir fermer les yeux ; il faut savoir s’asseoir entre
deux activités, et se remettre en Présence de Celui qui nous habite.
Alors on apprend à goûter l’instant présent, la personne qui est là, la
démarche qui reste à faire. Et en y allant, vous goûtez la lumière du
soleil ; la douceur des collines, un travail bien fait : En toutes
circonstances vous apprenez à goûter les choses de Dieu.
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