1. Trois passages-clés de l’Écriture permettent d’appeler Marie « nouvelle Ève » :
- le dit « Protévangile », adressé par Dieu au serpent : « Je mettrai
une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité :
celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Genèse 3, 15) ; - la vision du Christ comme « nouvel Adam » (Romains 5,
20) développée par saint Paul a amorcée l’opposition Ève-Marie : le
Christ, engendré par Marie, répare la faute commise par Adam ;
- dans l’Évangile de Jean Marie n’est jamais désignée par son
nom, mais Jésus l’appelle du nom de « Femme » ; en plus de signifier que
le temps des relations filiales est achevé, il renvoie à la Genèse, et au texte de l’Apocalypse où la « Femme », la Mère du Messie, combat contre le dragon, ainsi assimilée à l’antique Ève dans sa lutte contre le serpent. En savoir +
2. Historiquement, c’est Justin qui, le premier, a
développé le rapprochement, puis Irénée a beaucoup enrichi l’idée.
Tertullien et beaucoup de Pères de l’Église l’ont ensuite reprise
largement. Le titre de « nouvelle Ève » apparaît explicitement pour la
première fois dans une homélie africaine et il s’est finalement imposé
au sujet de Marie comme « le grand enseignement rudimentaire de
l’Antiquité chrétienne » (cardinal Newman, Lettre à Pusey). En savoir +
3. Saint Irénée insistera notamment sur le concept clé de recirculatio (en
latin, « mouvement à rebours ») qui ramène l’humanité à la sainteté
originelle. « Le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par
l’obéissance de Marie : ce que la vierge Ève lia par son incrédulité, la
foi de la Vierge Marie le délia » (Contre les hérésies, III,
22, 4, cité par Vatican II) : ce qui a été lié ne peut être délié que si
l'on refait en sens inverse les boucles du nœud. En savoir +
4. Le parallélisme antithétique développé entre Ève et
Marie sera capital pour l'intégration de Marie dans l'histoire du salut :
aux moments de la chute et de l’Annonciation, une vierge pose un acte
moral qui engage le salut de toute l'humanité. Les oppositions ont
rapidement été multipliées par les théologiens : ange, serpent ;
obéissance, désobéissance ; foi, crédulité ; Croix et fruit béni, arbre
de vie et fruit défendu, etc. Cette antithèse montre l'unité du plan
salvifique de Dieu que Vatican II résume par la formule d’Irénée : « Par
Ève la mort, par Marie la vie ». En savoir +
5. La « nouvelle Ève » est aussi analogiquement l’Église, Épouse du
Christ, née de son côté transpercé quand Jésus fut endormi dans la mort
(en parallèle à Genèse 2,21). Marie et l’Égliseapparaissent ensemble comme véritable « Mère des vivants » (Genèse
3,20) et leur identification par le biais de la nouvelle Ève est très
ancienne. Marie a prononcé le oui de l'Église, Épouse du Christ. « Entre
Marie et l’Église, il existe une conformité de nature », dira Benoît
XVI (Homélie au Consistoire, 25 mars 2006), et Vatican II développera le thème de Marie « icône de l’Église » (encyclique Lumen Gentium n°63 et 6). En savoir +
6. Le développement de cette analogie fondamentale entre Ève et Marie aura une grande influence :
_ dans la réflexion théologique sur l’Immaculée Conception, car les
textes bibliques affirment l'universalité du péché, mais le Christ
nouvel Adam et la nouvelle Ève font exception à cette loi universelle du
péché ; _ dans le dogme de l’Assomption, Marie rejoignant Jésus au
paradis céleste et non plus terrestre d’Ève ; _ sur la question de la
coopération de la Vierge Marie à la Rédemption, sa place unique étant
mise en analogie avec le rôle d’Ève dans la chute. Marie a été « une
aide » (Genèse 2, 18) pour Jésus. En savoir +
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