image tirée du site kathspace.com
C’était il y a 50 ans, le 25 décembre 1961 : Jean XXIII, près de trois ans après avoir annoncé son intention de convoquer un concile, le convoquait, par la bulle Humanae salutis. En somme, c’est un très beau cadeau de Noël que le Saint Père faisait à l’Eglise…
Le bon pape Jean commence très naturellement par situer l’époque et les conditions sociales et géopolitiques du monde et des hommes. Mais il rappelle surtout le rôle de l’Eglise, fondée par le Christ et assurée de sa présence à chaque instant, dans ce monde :
L’Eglise, aujourd’hui, assiste à une grave crise de la société humaine qui va vers d’importants changements. Tandis que l’humanité est au tournant d’une ère nouvelle, de vastes tâches attendent l’Eglise, comme ce fut le cas à chaque époque difficile. Ce qui lui est demandé maintenant, c’est d’infuser les énergies éternelles, vivifiantes et divines de l’Evangile dans les veines du monde moderne; ce monde qui est fier de ses dernières conquêtes techniques et scientifiques, mais qui subit les conséquences d’un ordre temporel que certains ont voulu réorganiser en faisant abstraction de Dieu.
Il insiste également sur le rôle prophétique de l’Eglise, qui discerne de nombreux points positifs dans ce monde :
Nous aimons faire toute confiance au Sauveur du genre humain qui n’abandonne pas les hommes qu’il a rachetés. Nous conformant aux paroles de Notre-Seigneur, qui nous exhorte à reconnaître les « signes… des temps » (Matth., XVI, 14), Nous distinguons au milieu de ces ténèbres épaisses de nombreux indices qui Nous semblent annoncer des temps meilleurs pour l’Eglise et le genre humain.
L’Eglise, par les pasteurs et les fidèles, prenant sa part de travail dans le soutien des personnes et dans la résolution des problèmes du monde, le pape ne peut que se joindre à cet effort de changments et de renouvellement de la société. voilà pourquoi il convoque le concile :
Devant ce double spectacle, d’une part un monde souffrant d’une grande indigence spirituelle, d’autre part l’Eglise du Christ resplendissante de vitalité, dès le début de Notre pontificat — auquel la providence de Dieu a bien voulu Nous élever malgré Notre indignité, — Nous avons pensé que c’était ungrave devoir de Notre charge d’appeler tous Nos fils à unir leurs efforts pour que l’Eglise se montre de plus en plus apte à résoudre les problèmes des hommes de notre époque. C’est pourquoi, obéissant à une voix venue de Notre cœur comme une inspiration surnaturelle, Nous avons pensé que les temps étaient mûrs pour donner à l’Eglise catholique et à toute la famille humaine un nouveau Concile œcuménique venant s’inscrire à la suite des vingt grands Conciles qui, tout au long des siècles, nous ont valu tant de progrès chrétien, tant d’accroissement de grâce dans les cœurs des fidèles.
C’est donc une Eglise forte et « resplendissante de vitalité » qui va se retrouver à Rome pour offrir au monde ce qu’elle a de plus cher, le Christ qui la conduit ! C’est lui qui, en fin de compte, lui donne cette énergie et cette « jeunesse perpétuelle ».
Dans ce texte, avant de déployer le programme de travail du concile, le pape fixe également deux axes aux concile : l’unité des chrétiens et la paix entre les peuples. A propos du travail du Concile, le pape cite notament la doctrine sociale de l’Eglise, et il montre bien la vision missionnaire et ouverte sur le monde de ce rassemblement des évêques :
Nous avons confiance que les questions qui seront discutées au Concile œcuménique auront une telle efficacité que, non seulement elles infuseront dans les cœurs des énergies ferventes et la lumière de la sagesse chrétienne, mais qu’elles pénétreront toute la masse des activités humaines.
Avant de conclure, Jean XXIII revient l’annonce du Concile et son influence dans et sur l’Eglise :
La première annonce du Concile que Nous avons faite le 25 janvier 1959 fut comme une petite semence que Nous avons déposée d’une main et d’un cœur tremblants. Soutenu par l’aide de Dieu, Nous avons alors abordé le complexe et grave travail de préparation. Presque trois années se sont écoulées depuis, pendant lesquelles Nous avons vu la petite semence devenir, par la grâce divine, un grand arbre. En regardant le long et difficile chemin parcouru, Nous rendons grâces à Dieu, qui Nous a prodigué son aide, pour que tout se déroule comme il faut et dans la concorde.
Durant les presque trois années qui ont séparé l’annonce du Concile de sa convocation, le travail a en effet été intense. le pape ne néglige pas de le rappeler à tous, insistant sur les consultations qui ont eu lieu dan le monde entier. Puis il en arrive alors à la convocation proprement dite !
C’est pourquoi, après avoir entendu l’avis des cardinaux de la sainte Eglise romaine, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des saints apôtres Pierre et Paul et de la Nôtre, Nous annonçons, décrétons et convoquons pour l’année prochaine 1962 le IIe Concile œcuménique et universel du Vatican, qui sera célébré solennellement dans la basilique patriarcale du Vatican aux jours que Dieu, dans sa providence, Nous permettra de fixer.
Nous voulons donc et Nous ordonnons que viennent du monde entier au Concile œcuménique convoqué par Nous Nos chers fils les cardinaux de la sainte Eglise romaine, Nos vénérables frères les patriarches, les primats, les archevêques et les évêques, résidentiels ou titulaires, ainsi que tous les ecclésiastiques qui de droit doivent assister au Concile.
C’est par l’appel à la prière de tous, y compris des frères séparés que le pape termine cette constitution apostolique, qu’il signe le jour de Noël ! Après un tel texte, et en voyant les résultats du Concile, il est évident que l’attention de l’Eglise au monde est au coeur du concile, comme, dans une mesure bien plus importante, l’a été l’attention de Dieu à notre humanité lors de l’incarnation