Comment
rester unis à la vigne ? Comment porter du fruit, et ainsi glorifier le
Père ? Jésus nous l’indique en une seule phrase : "Demeurez dans mon
amour", dans l’amour que j’ai pour vous et que je vous ai prouvé en
acceptant la croix.
Et Jésus de préciser ce qu’il entend par "demeurer dans son amour".
Il ne s’agit pas simplement ni avant tout de se sentir à l’aise avec lui, de s’installer dans le sentiment
d’être aimé de lui, mais, très concrètement, d’entrer chaque jour dans
son projet, d’adopter son style et ses choix, de réagir en tout selon
les réflexes qu’il nous a inculqués, bref : de garder ses commandements,
qui se résument en un précepte central : "Voici mon commandement :
aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés".
Ainsi
- et c’est un nouveau paradoxe de notre foi - pour demeurer dans
l’amour de Jésus, l’essentiel n’est pas de le retenir, mais de l’imiter ;
le plus urgent n’est pas de le goûter, mais de s’inscrire dans son
mouvement.
Certes,
l’amour de Jésus rédempteur est bien destiné à combler notre
intelligence et notre cœur ; mais nous n’avons pas prise à volonté sur
notre senti spirituel, et ce serait un leurre que de vouloir
mesurer l’amour de Jésus pour nous ou jauger l’amour que nous avons pour
lui. Personne d’entre nous ne sait s’il aime le Christ plus ou moins
que d’autres, plus ou moins qu’aux heures bénies où le Christ laisse
dans le cœur comme le parfum de son passage. "Seigneur, tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime" ; Pierre avait raison : le Christ est seul à savoir.
Mais
nous ne sommes pas laissés sans aucun repère, sans aucun critère, sans
aucune certitude. Nous ne savons pas combien nous aimons, mais nous
sommes sûrs de demeurer dans le projet du Dieu d’amour si nous voulons
aimer comme Jésus nous a aimés, si nous savons aimer là où il nous a
placés afin que nous allions, jour après jour, et que nous portions du
fruit pour la vie éternelle.
La
joie chrétienne est à ce prix ; mais si nous y mettons ce prix, elle ne
nous manquera jamais. Jésus lui-même l’a promise à ceux qui
demeureraient unis à la vigne : "Je vous ai dit cela pour que ma joie
soit en vous et que votre joie soit parfaite".
Cette
joie parfaite, totale, celle qui prend tout l’homme et que personne ne
pourra nous reprendre, c’est la joie pascale, pascale pour toujours,
celle qui accompagne la présence constante du Ressuscité. Elle peut nous
habiter même aux heures de souffrance, de désarroi, de solitude ; car
ce n’est pas une joie que nous nous donnons à nous-mêmes, ce n’est pas
une conquête ni un défi : c’est le don quotidien de Celui qui nous aime :
"Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous".
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