De la terreur à la paix

Après les jours de terreur que nous avons connus à Paris et Bruxelles cette année, nous pouvons avoir une toute petite idée de l’irruption de bien-être et de bonheur que représente l’arrivée de la paix.
Cette vision d’Isaïe commence par l’oppression, la tyrannie, la douleur collective, symbolisées par la nuit. C’est la nuit, mais dans cette nuit, le peuple marche. Il bouge, il progresse, il n’est pas paralysé. On pense alors aux situations extrêmes et à leur renversement : les camps d’extermination nazis et leur libération, les premières élections en des pays qui n’ont jamais connu la démocratie. On pense à l’abolition de l’esclavage, à celle de l’apartheid, à la signature de certains grands traités. C’est aussi radieux que la levée du jour.
Ces événements majeurs ont été portés par certaines fortes personnalités. Mais combien de peuples ont été trompés par de faux messies ? El Duce, le grand Timonier, le Führer… Combien de peuples ont rêvé d’un personnage providentiel capable de tout régler ?
Combien de fois a-t-on cru qu’il était possible d’établir une pente naturelle vers le bien, qu’il était possible de changer « les structures », sans que l’homme lui-même n’ait à changer au plus profond ?
Jésus a refusé ce messianisme-là. Il n’a pas accepté d’être roi de cette manière. Il aurait fallu qu’il change les choses de l’extérieur, par miracle ou par technique, sans toucher aux égoïsmes personnels ou collectifs. Or « il ne se fiait pas à eux, car il savait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » *. Il choisira la voie du messie souffrant, celle que le livre d’Isaïe annonce quelque 50 chapitres plus loin… pour provoquer en l’homme une prise de conscience et une vraie conversion.
Le Messie ne peut pas nous sauver malgré nous. Pour que le monde soit sauvé de la violence ou de la pollution, c’est-à-dire des conséquences de notre péché, Jésus appelle chacun de nous à être le messie, là où il est, en accueillant l’Esprit. Par le baptême, ne sommes-nous pas tous « prêtres, prophètes et rois », en route vers la lumière et la vie ?

* Jn 2, 24
Méditation enregistrée dans les studios de Radio RCF Bruxelles.