En
ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a
été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien !
moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous
persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux
cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si
vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les
publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que
vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes
n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre
Père céleste est parfait. »
Les
animaux sauvages ont presque tous un territoire, qu'ils parcourent,
qu'ils marquent, qu'ils défendent. Malheur à l'intrus, malheur au
concurrent !
Il
en va de même parfois pour nous, les humains : plus nous sommes
sauvages, plus sévèrement nous défendons notre territoire. Notre cœur a
des frontières, et il en crée toujours de nouvelles : frontières entre
les personnes et entre les groupes, entre les amis et les ennemis, entre
les gens intéressants et les laissés pour compte, entre ceux pour qui
nous existons et ceux qui n'existent pas pour nous.
Au-delà
de la frontière, parfois très près des yeux, mais déjà loin du cœur,
nous apercevons des frères et des sœurs dont nous craignons le
caractère, les réactions, dont nous n'attendons plus rien, ni
compréhension, ni dévouement, ni lumière, et pour qui nous avons cessé
d'espérer.
À
ces limites de notre regard, à ces scléroses de notre cœur, Jésus
oppose la manière de Dieu, les habitudes du Père céleste, qui est
parfait : "Soyez parfait, comme votre Père céleste est parfait".
Elle est insaisissable, cette perfection du Père céleste...
Elle
est faite, bien sûr, de miséricorde ; mais Jésus la décrit aussi comme
une joie de donner et de faire vivre, comme un désir sans limites de
faire confiance, comme un océan de tendresse qui n'aurait pas de
rivages.
Dieu
aime toujours le premier, et continue d'aimer même quand aucun amour ne
lui répond Dieu ignore les frontières entre les hommes et entre les
groupes ;
Dieu
n'enferme jamais un homme dans son passé, et à toute heure il nous
rejoint pour œuvrer en nous, sans reprise, sans lassitude, dans le sens
de la vie, de l'élan, de l'espérance. Même le païen, même le publicain,
même le méchant et l'injuste peuvent compter sur son soleil et sa pluie,
et donc aussi attendre les récoltes et espérer pour l'avenir. C'est
déjà ce que le psalmiste chantait à son Dieu : "Toi, tu ouvres la main,
tu rassasies tout vivant, et c'est là ton plaisir..."
La perfection du Père céleste, c'est comme une main toujours en train de s'ouvrir.
C'est
ce Père qu'il nous faut regarder et imiter pour lui devenir semblables,
pour entrer dans l'expérience de notre filiation. Jésus y insiste :
"Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, pour que
vous deveniez les fils de votre Père qui est aux cieux".
Nous
sommes fils, et il nous faut devenir ce que nous sommes, aller jusqu'au
bout, jusqu'au profond, jusqu'à la source de notre être filial, en nous
laissant revêtir par le Père de sa manière d'aimer.
C'est
bien ce mimétisme par rapport au Père qui faisait pour Jésus la joie de
tous les instants. Son style d'accueil et de pardon, il le prenait au
Père, il le lisait en Dieu. Sauver comme le Père, aimer comme le Père,
cela aussi était sa manière d'être Fils.
De
même pour nous : aimer, et pardonner, ou rejoindre le désir de Dieu qui
est de faire vivre, c'est notre manière de devenir fils, d'épanouir
notre être de fils.
Jésus nous a prévenus : le fraternel et le théologal sont indissociables dans notre quête de Dieu.
C'est
bien pourquoi il est si important de garder tous les jours, dans un
coin de notre cœur de pauvres et pour chacun de ceux que le Seigneur
nous donne à aimer, un brin de soleil et un brin de pluie, un rayon de
soleil pour la joie du frère, une ondée pour l'aider à porter du fruit.
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Mardi 15 février 28
Lieu Cornes d'Hattin
Livre Tome 3 – ch 171.4 2ème année vie publique
(…) Je vous ai enseigné hier comment Dieu doit être aimé.
J’insiste maintenant sur la façon dont on doit aimer le prochain.
On disait autrefois : “ Tu aimeras ton ami et tu haïras ton
ennemi. ” Non, qu’il n’en aille pas ainsi. C’était bon pour les temps où
l’homme n’avait pas le réconfort du sourire de Dieu. Mais maintenant
viennent des temps nouveaux, des temps où Dieu aime tant l’homme qu’il
lui envoie son Verbe pour le racheter. Maintenant le Verbe parle, et
c’est déjà la grâce qui se répand. Puis le Verbe consommera le sacrifice
de paix et de rédemption et la grâce, non seulement sera répandue, mais
elle sera donnée à toute âme qui croit au Christ. C’est pour cela qu’il
faut élever l’amour du prochain à la perfection qui ne fait pas de
distinction entre l’ami et l’ennemi. On vous calomnie ? Aimez
et pardonnez. On vous frappe ? Aimez et tendez l’autre joue à celui qui
vous gifle, en pensant qu’il vaut mieux que sa colère s’en prenne à
vous qui savez la supporter plutôt qu’à un autre qui se vengerait de
l’affront. On vous a volés ? Ne pensez pas : “ Mon prochain est un être
cupide ”, mais pensez charitablement : “ Mon pauvre frère est dans le
besoin ” et donnez-lui aussi votre tunique s’il vous a déjà pris votre
manteau. Vous le mettrez dans l’impossibilité de faire un double vol car
il n’aura plus besoin de voler la tunique d’un autre. Vous répondez : “
Ce pourrait être par vice et non par nécessité. ” Eh bien, donnez-le
quand même ! Dieu vous en récompensera et l’injuste expiera. Mais
souvent – et cela rappelle ce que j’ai dit hier sur la douceur –, le
pécheur qui se voit ainsi traité renoncera sincèrement à son vice et se
rachètera en réparant son vol par la restitution.
Montrez-vous généreux envers ceux, plus honnêtes, qui vous demandent ce
dont ils ont besoin, au lieu de vous voler. Si les riches étaient
réellement pauvres en esprit comme je vous l’ai enseigné hier, ces
pénibles inégalités sociales, causes de tant de malheurs humains et
surnaturels, n’existeraient plus. Pensez toujours : “ Mais si, moi,
j’avais été dans le besoin, quel effet m’aurait fait le refus d’une aide
? ” et agissez d’après votre réponse. Faites aux autres ce que vous
voudriez qu’on vous fasse et ne faites pas aux autres ce que vous ne
voudriez pas qu’il vous soit fait. (…)
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