(…) Ecoutez cette parabole. On pourrait l’intituler : “ La parabole du bon cultivateur. ”
Un riche avait une grande et belle vigne dans laquelle se
trouvaient des figuiers de différentes qualités. L’un de ses serviteurs
était préposé à la vigne, un vigneron expérimenté qui pratiquait aussi
la taille des arbres fruitiers. Il faisait son devoir par amour pour son
maître et pour les arbres. Tous les ans, à la belle saison, le riche
venait à plusieurs reprises à sa vigne pour voir mûrir les raisins et
les figues et les goûter, en les cueillant sur les arbres de ses propres
mains. Un jour, donc, il se dirigea vers un figuier d’une excellente
espèce, l’unique arbre de cette qualité qui existait dans cette vigne.
Mais ce jour aussi, comme les deux années précédentes, il le trouva tout
en feuilles et sans aucun fruit. Il appela le vigneron et lui dit : “
C’est la troisième année que je viens chercher des fruits sur ce figuier
et je n’y trouve que des feuilles. Manifestement, cet arbre ne donnera
jamais de figues. Coupe-le donc. Il est inutile qu’il reste ici à
prendre de la place et de ton temps, sans rien rapporter. Scie-le,
brûle-le, nettoie le terrain de ses racines et plante à sa place un
nouvel arbre. D’ici quelques années, il donnera des fruits. ” Le
vigneron, qui était patient et dévoué, répondit : “ Tu as raison. Mais
laisse-moi encore faire cette année. Au lieu de le scier, je vais bêcher
tout autour avec encore plus de soin, y mettre du fumier et l’émonder.
Qui sait s’il ne va pas alors porter du fruit ? Si, après ce dernier
essai, il ne donne rien, j’obéirai à ton désir et je le couperai. ”
Chorazeïn, c’est le figuier stérile. Moi, je suis le bon
Cultivateur, et vous, vous êtes le riche impatient. Laissez faire le bon
Cultivateur.
–
D’accord. Mais il manque la conclusion de ta parabole : le figuier,
l’année suivante, a-t-il donné du fruit ? demande Simon le Zélote.
– Il n’a pas fait de fruit et on l’a coupé. Mais le cultivateur a
été justifié d’avoir coupé un arbre encore jeune et florissant parce
qu’il avait fait tout son devoir. Moi aussi, je veux être justifié pour
ceux auxquels je dois appliquer la hache et que je dois enlever de ma
vigne, où se trouvent des arbres stériles et empoisonnés : nids de
serpents qui absorbent les sucs nutritifs, parasites, plantes vénéneuses
qui gâtent leurs compagnons disciples ou leur nuisent, ou encore qui
pénètrent par leurs racines envahissantes pour proliférer dans ma vigne
sans être appelés, rebelles à toute greffe, entrés seulement pour
espionner, dénigrer, stériliser mon champ. Ceux-là, je les couperai
quand tout aura été tenté pour les convertir. Et pour l’instant, avant
d’employer la hache, j’essaie les cisailles et la serpette de
l’émondeur, j’élague et je greffe… Ah ! Ce sera un rude labeur, pour moi
qui m’y emploie comme pour ceux qui le subiront. Mais il faut le faire,
pour que l’on puisse dire au Ciel : “ Il a tout essayé, mais plus il
les a taillés, greffés, déchaussés, fumés, suant à force de fatigues et
pleurant des larmes de sang, plus ils sont devenus stériles et mauvais…
(…)
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