dimanche 9 septembre 2018


La parole donnée
 
 
Lu par Guillaume Marquet
Évangile selon saint Matthieu chapitre 5, versets 33-37
33 Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.
34 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
35 ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
36 Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
37 Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais.
Méditation
Frère Jocelyn Dorvault
Couvent du Caire
Une parole qui écoute
Avoir la parole claire ce n’est pas toujours facile. Qui est certain à 100 % de ce qu’il avance ? Souvent, nous ne nous faisons pas confiance, nous hésitons, nous disons « oui, mais », « peut-être que non » ; alors, pour appuyer notre parole incertaine, nous invoquons l’autorité des autres : « comme le disait Untel » ou « comme il est écrit » ou, plus communément « comme on l’a toujours dit ». Cela nous évite aussi, avouons-le, de prendre le risque d’une parole personnelle. Il suffit de répéter ce que les anciens, la tradition, les médias, les maîtres, les parents nous ont transmis. C’est tellement plus commode !
Au sommet de cette dépossession de la parole, il y a le « jurement » : on assure l’autorité de sa parole « sur la tête de ma mère » ou encore mieux : « au nom de Dieu ». « Au nom de Dieu » ont ainsi été proférés les pires mensonges, proclamés de violentes croisades, allumés de grands bûchers, décapités bien des pauvres gens.
C’est au point que, aujourd’hui, le « nom de Dieu » ne veut plus dire grand-chose à beaucoup de gens qui ont compris que celui qui jure cache une parole faible et, souvent, mensongère.
Jésus nous demande donc de ne pas jurer. Nous devons assumer notre parole pour ce qu’elle est, nous y engager personnellement, sans nous cacher derrière un autre. Si c’est oui, ce « oui » doit avoir un impact sur notre vie, l’orienter. Si c’est non, il en va de même. Mais il faut aussi assumer la fragilité de notre parole. Que notre oui soit « oui » ne veut pas dire « ne jamais se tromper ». L’erreur fait partie de la parole. Et notre parole doit l’entendre. Jamais cette erreur ne nous condamne au silence, au contraire, elle nous invite chaque fois à la conversion pour que notre oui soit, toujours davantage, un oui.

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