J’ai été l’enfant le
plus heureux du monde. Tout m’était bonheur : la tendresse de mes
parents, l’attention de mes sœurs aînées, les jeux sans fin dans le
grand jardin, dans les bois et dans la cour d’école, la musique qui
égayait chaque pièce de la maison. Mon univers fut l’émerveillement
étonné, l’assurance éblouie d’être aimé. Plus tard, le monde enchanté
des livres, des contes et des romans a nourri de magnifiques rêves
éveillés, rêves de sainteté...
J’ai toujours su que cette joie de chaque instant était un don, un
cadeau merveilleux, une grâce lumineuse dont je n’étais pas digne, une
chance inestimable que je n’avais pas méritée. Pour entrer dans le
Royaume de Dieu, il faut redevenir cet enfant, confiant dans la
miséricorde du Seigneur. Pour affronter la vie d’homme, il faut
communier avec l’enfant que nous avons été, il faut s’appuyer sur la
joie de l’enfance, cet âge béni où tout et rien sont merveille. Notre
enfance est notre patrimoine pour la vie.Aujourd’hui, quand je dis des
paroles blessantes, quand mon cœur se gonfle de mépris et que ma bouche
dessine un rictus mauvais, le petit garçon que je fus me regarde avec
consternation. Mais quand je loue le Seigneur pour ses bienfaits, quand
je partage ma joie avec des dépressifs ou des personnes fatiguées, le
petit Philippe de jadis est fier de moi. Il revit en l’adulte que je
suis dorénavant.
C’est la magie de Noël : la fête de l’enfant-Dieu permet cette métamorphose, réalise ce flash-back :
nous redevenons l’enfant grave à la messe et joyeux quand il gambadait
dans les fleurs du printemps parmi les sauterelles et les grenouilles.
En ce temps d’avent, nous pouvons retrouver cette grâce de notre
enfance. Il suffit de laisser déborder l’Esprit Saint, qui se souvient
avec espièglerie de nos prières d’enfant et de notre juvénile
clairvoyance.
Photo du frère Philippe Verdin toujours émerveillé à 3 ans
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