mardi 11 décembre 2018

« C’est maintenant que nous devons prendre notre part de la souffrance et de l’espérance de l’Algérie, avec amour, respect, patience et lucidité. »


Édito de Mgr Michel : Jusqu’au bout de l’amour

« L’Algérie continue de saigner ! Notre sœur Odette assassinée le 10 novembre, la 11e depuis mai 1994 parmi les religieux, religieuses, prêtres ! » [il y en aura d’autres !] « Continuez de prier avec nous pour que les balles qui ont criblé leur chair soient transformées en graines de vie, de paix, de liberté, de réconciliation, pour le monde et pour l’Algérie en particulier… ! » Ainsi s’exprimait Frère Célestin dans une lettre à des amis le 27 janvier 1996 à Tibhirine, à 2 mois de cette nuit du 26 mars 1996 au cours de laquelle il fut enlevé avec six autres de ses frères moines, avant qu’on ne les retrouve assassinés quelques semaines plus tard.
Les moines cisterciens de Tibhirine ont choisi de rester en Algérie au cœur de ces années terribles qui ont vu la violence se déchaîner. Douze religieux et religieuses donneront aussi leur vie entre 1994 et 1996, dont Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassiné en 1996, en même temps que son chauffeur et ami Mohamed, à l’entrée de son évêché.
Pendant l’assemblée des évêques à Lourdes, Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger, nous a bien expliqué le sens de cette béatification qui aura lieu au sanctuaire Notre-Dame de Santa Cruz à Oran le 8 décembre prochain. Ils ont mêlé leur sang au sang de nombreux musulmans (114 imams, des écrivains, des journalistes, des petites gens…) qui ont refusé de justifier la violence. Ceux qui vont être béatifiés comme martyrs ont vécu dans l’humilité et la discrétion, en cultivant des relations ordinaires et respectueuses avec leur voisinage. Ils ont donné leur vie par fidélité à l’Algérie en choisissant de rester malgré les risques pour leur sécurité. C’est un témoignage de fraternité qui est une grâce pour le peuple algérien, pour l’Église, pour le monde.
Plusieurs de ces martyrs ont des liens avec notre diocèse : Frère Luc, médecin, est né à Bourg-de-Péage en 1930. Frère Christian, le prieur, a fait sa formation à Aiguebelle, d’où il est parti pour Tibhirine. On trouve dans l’église d’Ancône (paroisse Notre-Dame du Rhône) la mise en scène d’un poème de Frère Christophe : « Aime jusqu’au bout du feu ». Frère Henri Vergès, frère mariste, a fondé l’école primaire des Maristes à Bourg-de-Péage et de nombreux frères résidant à Saint-Paul-Trois-Châteaux l’ont bien connu.
Avec toutes les communautés concernées de plus près par cette béatification, nous nous retrouverons le dimanche 16 décembre à l’abbaye Notre-Dame d’Aiguebelle pour la messe et des témoignages, dont celui de Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, qui coordonne la préparation de la béatification. Nous chercherons à découvrir ensemble le signe que représentent pour nous aujourd’hui les 19 martyrs d’Algérie. Déjà, sur notre chemin d’Avent, nous pouvons méditer cette parole de Mgr Claverie : « C’est maintenant que nous devons prendre notre part de la souffrance et de l’espérance de l’Algérie, avec amour, respect, patience et lucidité. »

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