vendredi 5 octobre 2018

Dieu se manifeste dans notre faiblesse. Il épouse nos limites et nos impuissances,


Donner et demander
 
 
Lu par Guillaume Marquet
Évangile selon saint Matthieu chapitre 7, versets 06-12
06 « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.
07 « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
08 En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
09 Ou encore : lequel d’entre vous donnera une pierre à son fils quand il lui demande du pain ?
10 ou bien lui donnera un serpent, quand il lui demande un poisson ?
11 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !
12 « Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.
Méditation
Frère Jocelyn Dorvault
Couvent du Caire
Emmanuel, Dieu avec nous
Au CHU de Clermont-Ferrand, où j’étais aumônier, la question revenait souvent : « Mais que fait le Bon Dieu ? Ne va-t-il pas guérir celui que nous aimons ? Combien de prières faut-il encore prononcer, combien de messes faut-il offrir ? » Puis venait le douloureux dénouement, lorsque, la maladie étant la plus forte, l’enfant était mort, le parent avait rendu l’âme. « Demandez et vous recevrez ? » Comment ne pas se dire que « si Dieu n’a pas exaucé nos prières, c’est que nous n’avons pas eu assez de foi, ou bien que nous n’en valions pas la peine, comme ces pourceaux dont parle Jésus » ! Que Dieu semble soudain injuste, distant et froid !
Non, Dieu ne donne pas tout ce qu’on lui demande. Notre tentation idolâtre, qui nous pousse vers le magique et le merveilleux, doublée d’une éducation chrétienne approximative et qui nous fait croire que Dieu est tout-puissant à la manière des puissances de ce monde, nous donne envie de lire ces mots de Jésus d’une façon littérale. Pourtant, non, Dieu ne tire pas les ficelles de notre monde, il ne décide ni ne laisse faire aucun des maux qui nous frappent*.
Car ce qui le caractérise en premier ce n’est pas sa « Toute-Puissance », déposée aux pieds de l’humanité dans une crèche de Bethléem, mais son infinie bonté, manifestée dans le sacrifice de la croix.
Comment comprendre, alors, cette parole de Jésus ? Il faut la relire à la lumière de sa finale : « Ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux ». Il y a ici une inversion : nous étions dans l’attente de quelque chose venant de Dieu pour nous, et maintenant il s’agit de donner aux autres ce que nous attendons pour nous-mêmes. Ce que nous voulons que Dieu fasse pour nous, c’est donc à nous de le faire pour les autres. Nous sommes invités à être les mains, le regard, le sourire de Dieu. C’est à travers nous qu’il agit, qu’il soulage et qu’il guérit. Je l’ai vu souvent à l’œuvre à travers les soignants, les membres de l’aumônerie, les proches qui entourent les malades. Dieu se manifeste dans notre faiblesse. Il épouse nos limites et nos impuissances, certes, mais, à la différence de l’idole « toute-puissante » qui ne répond pas, il est vraiment là, à la manœuvre avec nous.

* Évangile selon saint Luc ch 13, v 4 ; Lettre de saint Jacques apôtre ch 1, v 13.

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