Michée 5, 2-3 : « Et toi, Bethléhem Ephrata, Petite entre les
milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël,
Et dont l'origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l'éternité.
C'est pourquoi il les livrera Jusqu'au temps où enfantera celle qui doit
enfanter. »
C'est au cœur de la nuit, au cours de la saison la plus rigoureuse,
dans la grotte la plus glaciale, habitation des troupeaux plus que
d'une créature humaine, que vint à la lumière, à la plénitude des temps,
le Messie promis - Jésus - le Sauveur des hommes.
Aucun bruit autour de lui ; un bœuf et un âne réchauffent le pauvre
Enfant nouveau-né ; une femme humble, un homme pauvre et fatigué en
adoration devant lui.
Ne se font entendre que les vagissements et les pleurs de Dieu devenu
enfant. Et par ces pleurs, par ces vagissements, il offre à la justice
divine la première rançon pour notre réconciliation.
Depuis plus de quarante siècles il est attendu ; c'est avec des soupirs
que les Patriarches en avaient invoqué la venue ; les auteurs sacrés
avaient prophétisé clairement et le lieu et l'époque de sa naissance…
Pourtant tout est silence et il semble que nul ne sait rien de ce grand
avènement. Un peu plus tard seulement, des bergers qui gardaient leurs
troupeaux dans les champs viennent lui rendre visite. Ils ont été
avertis par des esprits célestes de cet avènement grandiose, et invités à
se rendre à la grotte où il se trouve.
Qu'ils sont nombreux et importants, les enseignements qui partent de la
grotte de Bethléem ! Oh, comme notre cœur doit se sentir brûlant d'amour
pour celui qui s'est fait toute tendresse pour nous ! Comme nous
devrions avoir au cœur le désir de conduire le monde entier à cette
humble grotte, refuge du roi des rois, plus grande que tout palais
humain, parce que trône et demeure de Dieu ! Demandons à ce divin Enfant
de nous revêtir d'humilité, parce que seule cette vertu nous fera
goûter ce mystère rempli de tendresse divine.
Les palais de l'Israël orgueilleux scintillent, mais ce n'est pas en eux
qu'est venue au monde la Lumière ! Mettant leur assurance dans la
grandeur humaine, baignant dans l'or : ainsi sont les notables de la
nation juive ; les prêtres du temple sont pleins de vaine gloire et de
superbe ; à l'encontre du sens véritable de la révélation divine ils
attendent un Sauveur rabougri, venant dans le monde selon la grandeur
humaine et la puissance.
Mais Dieu, qui a toujours à cœur de confondre la sagesse de ce monde,
balaie leurs projets et, à l'encontre de l'attente de ceux qui sont
privés de la sagesse divine, descend parmi nous dans la plus grande
abjection, renonçant à naître dans l'humble maison de Joseph ou même
dans celle d'un parent ou d'une connaissance dans la ville de Juda ; et,
en quelque sorte rejeté par les hommes, il demande asile et secours à
de vils animaux, choisissant leur demeure comme lieu de sa naissance,
leur paille pour réchauffer son petit corps délicat. Il fait en sorte
que le premier hommage lui soit rendu par de pauvres et rustres bergers
qu'il a lui-même, par l'intermédiaire de ses anges, informés de ce grand
mystère.
O sagesse et puissance de Dieu ! nous sentions le devoir de nous
exclamer – entrés en extase avec ton Apôtre – combien tes jugements sont
incompréhensibles et insondables tes voies ! Pauvreté, humilité,
abjection et mépris entourent le Verbe fait chair ; nous, cependant,
nous comprenons une chose de cette obscurité dans laquelle le Verbe fait
chair est enveloppé, nous entendons une parole, nous entrevoyons une
vérité sublime : Tout cela, il l'a fait par amour ; il ne nous invite
qu'à l'amour, il ne nous parle que d'amour, il ne nous donne que des
preuves d'amour.
L'Enfant céleste souffre et gémit dans la crèche, afin que la souffrance
nous devienne aimable et méritoire, afin que nous la recherchions : il
manque de tout afin que nous apprenions de lui le renoncement aux biens
terrestres, il prend plaisir en ces pauvres et humbles adorateurs, pour
nous pousser à aimer la pauvreté et à préférer la compagnie des petits
et des simples à celle des grands de ce monde.
Ce petit Enfant, qui est tout mansuétude et douceur, veut insuffler en
nos cœurs, par son exemple, ces vertus sublimes, afin que dans ce monde
déchiré et bouleversé surgisse une ère de paix et d'amour. Par sa
naissance il nous indique notre mission : mépriser ce que le monde aime
et recherche.
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