" Je
suis
l'Immaculée
conception ! "
Extrait du
livre de Mgr
You : Dans le
regard et les
sabots de
Bernadette
Bien
après la
quinzaine des
apparitions,
trois
dernières
visites de
Marie vont
clôturer les
évènements de
Massabielle,
par la
révélation du
nom
d'Immaculée
Conception, le
25 mars, et
les deux
visites du 7
avril et du 16
juillet,
silencieuses
comme aux
premiers
jours.
Au jour de
l'Annonciation,
ce n'est qu'à
la quatrième
demande de
Bernadette que
Marie révèle
son nom.
Aussitôt, la
jeune fille
court chez
Monsieur le
Curé, lâchant
d'emblée : «Je
suis
l'Immaculée
Conception!»
On raconte que
lorsque le
Pape Pie IX
eut
connaissance
de ces
paroles, il en
pleura, lui
qui avait
proclamé le
dogme de
l'Immaculée
Conception
quatre ans
auparavant.
Il nous faut
découvrir dans
ces paroles ce
qui a pacifié
le cœur de
l'Abbé
Peyramale puis
du Saint-Père,
et qui a
résonné dans
le cœur de
Bernadette
pendant toute
une vie,
donnant à
l'Église
entière la
solution de
l'énigme qui
était en train
de se jouer à
Massabielle.
Bernadette, en
cette matinée
du 25 mars,
n'est pas en
mesure de
peser tout le
poids de ces
paroles.
«Sais-tu ce
que ça
signifie?» lui
demande l'Abbé
Peyramale,
«Non,
répond-elle,
Immaculée,
c'est quelque
chose de pur,
sans tache!»
Elle est bien
incapable de
répondre que
«conception»,
c'est quelque
chose en train
de naître
entre deux
parents, dans
l'embrassement
de l'amour,
dans
l'embrasement
de l'amour.
Immaculé, pour
Bernadette,
sans
hésitation,
c'est le
sourire de
Marie, sans
tache.
Transparence
de la jeunesse
du visage de
la Vierge et
de son cœur
étranger à
toutes les
manipulations
des hommes,
des adultes.
Cœur neuf dans
un visage
neuf.
Ce sourire ne
cherche pas à
prendre
possession des
personnes, ni
même à attirer
à soi, mais à
Dieu. C'est
bien la
chasteté de
Marie qui
transparaît en
lui.
Tout cela est
immaculé,
c'est une
beauté qui
dépasse de
loin celle
qu'on
rencontre dans
les revues et
les salons,
beauté qui
dépasse
l'esthétique,
car elle est
la vitrine, le
visage d'un
amour
virginal, sans
recherche de
soi-même. Pur
reflet de ce
qui est en
Dieu, cette
transparence
reflète aussi
la compassion
de Dieu pour
les pécheurs,
par la
tristesse qui
envahit le
visage de
Marie chaque
fois que
celle-ci
évoque leur
nom.
C'est sans
doute tout
cela que
Bernadette
pressent dans
le nom
d'Immaculée.
Et
«Conception»?
C'est ce qui
arrive entre
deux personnes
qui s'aiment
et ne font
plus qu'un par
l'amour. C'est
un
jaillissement
de vie entre
deux
personnes.
Et voici ·que
Marie dit :
«Je suis
l'Immaculée
Conception! »
Elle ne dit
pas : «l'ai
été conçue
sans péché»,
même si cela
est vrai
aussi, mais ce
qu'elle dit à
Massabielle
est beaucoup
plus. Elle ne
fait pas
allusion à un
évènement
passé, tant
d'années
auparavant
dans le sein
d'Anne, par
l'action de
Joachim.
Elle dit : «Je
suis
l'Immaculée
Conception.»
Cela veut dire
qu'elle est un
jaillissement
de vie,
qu'elle ne
vieillit pas,
qu'elle ne
prend pas
d'années, car
elle est
continuellement
conçue par le
Père et le
Fils.
La Trinité
sainte veut en
effet une Mère
Immaculée
digne du Fils
et qui Lui
soit associée
dans la grande
œuvre de la
Rédemption et
la marche de
l'Église «en
procession»
vers le
Royaume.
Le Père ne
cesse pas de
concevoir
Marie pour
qu'elle soit
la mère de son
Fils. Elle est
continuellement conçue dans cet embrassement du Père et du Fils. Le Père
donne à son
Fils une Mère,
une Épouse,
une «Isha ».
L'Esprit Saint
descend dans
cet
embrassement
d'amour et
fait jaillir
la Conception
Immaculée.
La
conception
continuelle
est comme le
miroir. En
lui, l'image
est
continuellement
conçue,
renouvelée et
vivante.
Il importe de
comprendre
que, nous
aussi, avons
été conçus et
devons l'être
continuellement, dans la nouveauté du Saint-Esprit.
Nous avons été
conçus dans le
sein de notre
mère
terrestre,
mais nous
devons être
conçus
continuellement
dans ce
jaillissement
de l'Esprit
Saint qui nous
refait.
Car le
péché fait
qu'une fois
jaillissante,
la source que
nous sommes
devienne sale,
boueuse,
polluée. Nous
avons besoin
d'être de
nouveau
conçus, pour
qu'un nouveau
jaillissement
de vie se
produise, en
toute pureté.
D'un sol très
boueux et
souillé,
l'Esprit Saint
sait faire
jaillir une
source très
pure. À
Lourdes, de la
vieille
humanité salie
par le péché,
Dieu fait
jaillir une
nouveauté qui
est toute
transparence.
Et pas
seulement un
jour, en
attendant que
revienne la
pollution,
mais
continuellement,
la source
jaillira sans
se laisser
souiller, ni
assécher.
Marie est
ainsi miroir
vivant, non
pas photo, ni
film. Miroir
infiniment pur
qui laisse à
chaque instant
se refléter à
l'extérieur
d'elle-même ce
que Dieu est
en elle, qui
laisse
transparaître
Dieu en elle,
en toutes les
situations
humaines,
joyeuses,
douloureuses
ou glorieuses
de son
existence.
C'est ce qui
explique que
son sourire
puisse avoir
des
significations
différentes
selon les
circonstances,
mais n'être
continuellement
qu'un reflet
très pur de ce
qui est
éternellement
en Dieu.
Ainsi, qui
voit Marie
rencontre
Dieu.
Ce n'est bien
sûr pas comme
en
Jésus-Christ
qui n'est
qu'un seul
être avec le
Père, dans la
dualité des
personnes. En
Marie, cela
s'explique par
la totale
livraison
constante de
soi à ce que
le Père veut
réaliser en
elle, à chaque
instant.
Une photo
vieillit,
l'image d'un
miroir jamais.
Il donne
l'image de la
personne qui
s'y reflète à
l'instant.
Lorsque Marie
dit: «Je suis
l'Immaculée
Conception»,
c'est sa façon
de dire
qu'elle est
conçue à
chaque instant
pour refléter
Dieu, 1 de
façon
immaculée.
La
définition
dogmatique du
Pape Pie IX a
bien mis en
évidence que
ce privilège
de l'Immaculée
Conception est
donné à la
Vierge Marie
en vertu et en
vue de la
Maternité
divine.
C'est par la
puissance de
la Rédemption
opérée par
Jésus que
Marie est
préservée de
l'héritage du
péché, elle
est rachetée
avant d'être
touchée.
C'est en vue
de son rôle de
Mère que le
Père lui
octroie ce
privilège, en
toute
gratuité. Il
veut donner à
son Fils
incarné une
Mère digne de
Lui. Comment
Marie
peut-elle être
digne si elle
ne reflète
pas, avec
toute la
perfection
possible en
cette terre,
le Père qui
éternellement
engendre le
Fils?
Le visage
de Marie doit
être, pour
Jésus, le
miroir dans
lequel le Père
éternel se
reflète en une
image sans
tache. Comme
l'Amour
éternel du
Père engendre
le Fils dans
l'Esprit
Saint, Marie
est faite Mère
de ce même
Fils incarné
par
l'opération de
l'Esprit
Saine.
Paul dit
aux Éphésiens
qu'ils sont
faits pour
vivre «saints
et immaculés
dans l'amour
». Marie l'est
pour ne pas
avoir été
souillée. Dans
sa première
conception,
dans le sein
d'Anne, elle a
été préservée
et sanctifiée,
puis elle est
restée
immaculée. Le
chrétien est
immaculé parce
qu'il est
lavé.
Lavé dans le
Baptême, et
continuellement
conçu, le
chrétien ne
vieillit
jamais, il est
toujours
renouvelé, il
devient à son
tour
«Immaculée
Conception ».
Au terme de
tout cet
itinéraire que
Bernadette est
en train de
parcourir, au
fil des
apparitions,
on perçoit ce
qui est en
jeu.
La révélation
du Visage de
Dieu à travers
le sourire de
Marie a
apprivoisé
Bernadette et
a suscité son
consentement
le plus libre,
celui de
l'amour.
Elle entre
progressivement
dans une vie
qui ne lui
appartient
plus parce
qu'elle est
entièrement
livrée à
l'action de
l'Esprit Saint
en elle.
Il
restait à
Bernadette à
découvrir le
terme du
voyage, ce
vers quoi elle
s'est mise en
chemin. En
effet, la vie
chrétienne, la
vie dans
l'Esprit Saint
n'est pas une
marche dans
l'ignorance
totale du
terme. Marie
représente
pour l'Église
la perfection
vers laquelle
Dieu
l'entraîne, la
femme livrée à
l'amour de
Dieu agissant
dès ici-bas
dans la nature
humaine pour
la glorifier.
Pour le
chrétien, le
terme est déjà
en vue. Un
jour, il dira-
lui aussi en
toute vérité :
« Je suis
l'Immaculée
Conception ».
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