« Pose-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras »
Livre du cantique des Cantiques, chapitre 8, verset 6.
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La méditation
À
l’église Saint-Laurent, près de la gare de l’Est à Paris, face à la
chaire, se trouve une pietà. La Vierge tient Jésus, mort, sur ses
genoux. Et l’on pense à ces mères qui pleurent un enfant. De la crèche à
cette heure de douleur, Marie prend soin du corps de son fils,
l’emmaillote, le nourrit, le lave, s’enfuit avec lui. Avec d’autres
femmes, elle l’aide dans sa mission, assiste à son supplice et puis, sur
ses genoux, le voici sans vie : nous sommes bien étonnés devant ce
Sauveur. N’aurait-il pas plus besoin de nous que nous de Lui ?
À Saint-Laurent, la statue du corps de Jésus est couverte de graffitis.
Corps fragile, vulnérable, tagué comme une baraque de chantier, griffé
comme les montants d’une pauvre étable ! Des noms, des initiales
d’amoureux, des dates, des prières sont gravées à même le bois, sur le
torse, sur les bras. Sa chair est comme ces murs où s’exprime le besoin
de laisser une trace, de soi, de ses amours, de ses délires. J’ai aimé
cette statue abîmée, blessée. Elle est pour ainsi dire profanée, mais
ces marques rappellent, à l’insu de leurs auteurs, que le Christ a
choisi d’être vraiment marqué, ou habité de notre réalité. Né à
Bethléem, Il se mêle aux joies et au travail de l’homme.
L’argile de son corps garde la mémoire des soins maternels et le nom de
chacun de nous s’y imprime, pour toujours : la fresque de nos vies
s’inscrit en sa chair, pour que nous puissions accueillir, en la nôtre,
son action qui nous restaure.
Méditation enregistrée dans les studios de Radio RCF Tours.
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