Le
sanctuaire de Notre-Dame du Folgoët (en breton : « Itron Varia ar
Folgoad ») situé à 25 km au nord-est de Brest dans le Finistère, a été
construit au début du XVe siècle en l'honneur de la Sainte Vierge Marie
qui avait manifesté sa bonté à l'un de ses dévots serviteurs appelé
Salaün (Salomon en breton). Sur sa tombe poussa un lys avec gravés en
lettres d’or sur les pétales les mots « Ave Maria » que le saint homme
répétait de son vivant, sans se lasser. Suite à ce miracle, l’idée de
construire une église en l’honneur de la Vierge fut accueillie avec
enthousiasme par les gens du peuple comme par les grandes familles de
Bretagne. Depuis cette époque, le sanctuaire reste un haut lieu de la
manifestation de la confiance des pèlerins en la Très Sainte Vierge
Marie.
Salaün ar Fol. Des textes anciens racontent qu'en l'an
1350 : «... florissait en innocence, simplicité et sainteté de vie très
austère un pauvre innocent nommé Salaün, lequel allait mendiant de
porte en porte cherchant de quoi vivre et s'accoutrer... Envoyé aux
escoles, il ne sut apprendre que ces mots en latin : « Ave Maria ! »
lesquels il redisait fort souvent... Cherchant l'aumône, il disait :
« Salün mangerait du pain »... et lors s'en allait à certaine
fontaine... son lit était seulement de terre nue ; et icelle terre était
amassée soubs un arbre au-dessus d'icelle fontaine. Quand il était
transi de trop grande froidure d'hyver, il montait dans cet arbre et se
brandelait en chantant à pleine voix : « Ô Marie ! Ô Marie ! Ô Marie ! Ô
Marie ! Ô Marie ! »... Souvent, il se fourrait jusqu'aux aisselles dans
l'eau... les habitants le voyant ainsi se baignant au plus rigoureux
endroit des froidures le nommèrent fol... Mais depuis
que cest innocent et simple pauvre est décédé, il fut enterré auprès de
cette fontaine, et advint par après, qu'un lys très beau creut
miraculeusement sur la fosse dont les fleurs représentaient en elles ces
mots escrits en lettre d'or : « Ave Maria ! » » Le texte se termine par
les mots d'un témoin oculaire : « Je, Jean de Langouezou, Abbé dudit
lieu Landevennec, ay esté présent au miracle cy-dessus, l'ai veu et ouy,
et l'ay mis par escrit à l'honneur de Dieu et de la benoiste Vierge
Marie... » [Bibliothèque Nationale, fonds français n°22 339]. Ce Jean de
Langouezou, ancien abbé de l'abbaye de Landevennec, vint s'établir à
Lesneven. En mémoire du pauvre et saint homme qu'il aurait connu aux
environs de Landevennec et qu'il vénérait, il fit bâtir dans le bois de
Lesneven une église en l'honneur de la Vierge Marie qui fut appelée
Notre-Dame du Folgoët.
Un lieu de dévotion royale. La mort de Salaün, et
le miracle du lys sont datés de 1358. La construction de l'édifice
aurait débuté en 1419 et les premiers actes de culte en 1423, durant le
règne du Duc de Bretagne Jean V. Il s'agissait alors d'une simple petite
chapelle. L’édifice actuel comprend notamment une flèche de 54 mètres
de haut, un tympan représentant l’adoration des Mages et un des plus
beaux jubés de France (5 mètres de haut, 6m50 de large, en kersantite ou
« granit de Kersanton »). On y voit la statue de Notre-Dame du Folgoët,
elle aussi en granit de Kersanton. Il n'est pas possible de donner une
date précise de la fin des travaux. On sait que Alain Cap (1578-1644)
maître verrier a travaillé sur les vitraux. La tradition raconte que
l’édifice reçut le titre de basilique mineure du pape Martin V en 1427,
mais aucun document historique ne vient le confirmer. Après le Duc Jean
V, il faudra attendre l’intérêt de la Duchesse Anne de Bretagne
(1477-1514), épouse de deux rois de France, qui, au milieu de ses
difficultés politiques, entendra reconquérir le cœur des Bretons en
favorisant leur dévotion à la Madone. L'année de son mariage avec le roi
de France Charles VII (1491), elle viendra passer quelques jours en
pèlerine au Folgoët. On note plusieurs passages de la reine de France en
ce lieu en 1494. Aux prises avec de nombreuses tracasseries, elle vient
jeter ses soucis et ses peines dans les bras de la Mère des Douleurs.
En 1505, elle est à nouveau au pied de Notre-Dame du Folgoët pour la
remercier. François Ier et Henri II viennent à leur
tour y prier la Sainte Vierge. L'engouement de la famille royale pour le
culte marial s'étiole avec les années et Louis XIV dégrade la
collégiale du Folgoët en simple chapelle. Le sanctuaire est confié aux
Jésuites qui créent au chevet de l'édifice un séminaire des aumôniers de
la Marine. En 1763, expulsés de France, les Jésuites quittent la
région.
Au cœur des tribulations de l’Histoire. En 1708,
l'imprudence d'un ouvrier provoque un incendie qui ravage la toiture et
les vitraux volent en éclats. En 1772, les locaux naguère occupés par
les prêtres sont transformés en hôpital militaire et c'en est fini du
recueillement des pèlerinages. Avec la Révolution française est ordonnée
la fermeture de l'église. Les cloches sont fondues pour la réalisation
de canons ; l'édifice est saccagé et de très nombreuses statues sont
« guillotinées » en 1793. La statue de la Vierge Marie échappe au
massacre car elle est cachée dans une ferme avoisinante par une famille
chrétienne. Acquise comme bien national, durant cette période noire,
l'église devient successivement grange, porcherie puis caserne... mais
l'humidité des lieux fait fuir les troupes. Certains y projettent le
culte de la déesse Raison... Mais la foi tenace des habitants de la
région permet la reprise du traditionnel Pardon le 8 septembre 1808 et
la statue de Notre-Dame du Folgoët « Itron Varia ar Folgoad » retrouve
sa place dans le sanctuaire. Sous l'impulsion de l’écrivain Prosper
Mérimée alors Inspecteur Général des Monuments Historiques, l'édifice
est peu à peu restauré entre 1835 et 1870. Le couronnement de la Vierge
par Mgr Charles-Émile Freppel (évêque d’Angers et député du Finistère)
en présence de très nombreux pèlerins, le 8 septembre 1888, marquera la
fin des tribulations.
De nos jours. La ferveur populaire reste très vive,
comme en témoignent les très nombreux passages quotidiens dans le
sanctuaire. Un cahier d'intentions placé devant la statue de Notre-Dame
recueille les prières des pèlerins qui viennent déposer leurs
inquiétudes pour leurs proches et pour le monde et aussi bien souvent
remercier des grâces reçues par l'intercession de la Vierge Marie. Le
mois de mai voit affluer de nombreuses personnes qui selon la tradition
séculaire viennent prier Notre-Dame tous les dimanches de mai, les
« Pemp Sul », ce qui veut dire en breton les cinq dimanches, car en mai
il y a aussi le jour de la fête de l’Ascension. Il y a aussi le grand
Pardon qui se déroule le premier dimanche de septembre, un moment très
attendu. C’est le jour où dans une belle procession avec costumes et
bannières se mêlent la tradition populaire et la ferveur des croyants
qui viennent en cette période de rentrée scolaire confier à la Mère de
Dieu une nouvelle étape de leur vie.
Un laïc profondément croyant. Salaün, un homme à la foi
simple et forte, a supporté vaillamment l'épreuve d'une certaine forme
d'exclusion. Considéré comme simple d'esprit, il est surnommé « ar Fol
» (le fou) [...]
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