En
ce temps-là, Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme,
du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui
dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. Comme Jésus était à
table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des
collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec
lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses
disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et
les pécheurs ? » Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas
les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.
Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le
sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs. »
De
saint Matthieu, nous ne savons pas grand chose, sinon qu'il travaillait
au compte des Romains occupants, qu'il était assis à son bureau de
douane, que Jésus lui a dit : "Suis-moi", et qu'il s'est levé aussitôt
pour le suivre sans terminer son addition.
Ce
que l'on sait ou que l'on devine, d'après le récit parallèle de saint
Luc, c'est que Matthieu a offert un grand dîner pour fêter l'événement,
et c'est pourquoi nous retrouvons à table, autour de Jésus, tant de
publicains, réputés pécheurs tout comme lui, rien qu'à cause de leur
métier. Tous ces hommes s'étaient sentis honorés par l'appel de l'un des
leurs, et pour rien au monde ils n'auraient manqué cette invitation de
Matthieu.
Mais
les Pharisiens, une fois de plus, sont à l'affût. Ils n'osent pas
attaquer Jésus de front, mais s'adressent aux disciples : "Pourquoi
votre rabbi à vous mange-t-il avec des publicains et des pécheurs ?" Ce
qui revient à dire : "Pourquoi Jésus ne fait-il pas de différence entre
les hommes ?"
Or Jésus a entendu, et il ne laisse à personne le soin de répondre.
Tout
d'abord, dit-il en substance, je mange avec ceux qui m'invitent. Ces
hommes se réjouissent de m'avoir parmi eux, comme des malades se sentent
rassurés à l'arrivée du médecin et commencent à reprendre espoir.
Puis
Jésus, qui s'est expliqué, passe aux reproches : "Allez réfléchir sur
le sens de cette parole du prophète Osée : "C'est la miséricorde que je
veux, et non les sacrifices d'animaux, la connaissance de Dieu, et non
les holocaustes."
Le
peuple de Dieu, à l'époque, voulait se concilier à bon compte les
faveurs de Yahweh, par un culte tout extérieur, et des conversions
éphémères. Et Dieu s'en plaignait par la voix des prophètes : "Que
puis-je faire pour toi, Éphraïm ? Que puis-je faire pour toi, Juda ? Ah !
votre amour est comme la nuée du matin, comme la nuée qui tôt se
dissipe !"
"Que
puis-je faire pour vous, pense Jésus, si vous ne voulez pas de moi ?
Comment pourrais-je vous guérir, si vous ne reconnaissez votre mal ?"
Enfin,
délaissant l'image pour parler clair, Jésus énonce l'un des principes
qui guident toute son action : "Je ne suis pas venu appeler des justes,
mais des pécheurs." Notons bien que Jésus ne dit pas : "J'appelle les
pécheurs et pas les justes", mais bien : "J'appelle tous les hommes, et
tous sont pécheurs ; vous aussi, Pharisiens, qui vous croyez bien
portants, et justes, vous êtes des malades et vous avez besoin de moi."
Et
les paroles de Jésus, si sévères pour ceux qui se font illusion, nous
apportent l'espoir, à nous qui sommes assis à la table des pécheurs,
avec Matthieu et sa corporation.
"D'un
cœur brisé, broyé, Seigneur, tu n'as pas de mépris" (Ps 51). Ces
paroles du psalmiste retrouvent avec Jésus toute leur actualité. Nos
fautes offensent le Christ, mais nos misères ne le rebutent pas et notre
impuissance le touche.
Jésus appelle des pécheurs ; il nous appelle malgré notre péché.
Jésus ne vient pas à nous parce que nous avons réussi, mais pour nous donner de réussir là où, seuls, nous avons échoué.
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Vendredi 30 juillet 27
Lieu Capharnaüm
Livre Tome 2 – ch 97.3 1ère année vie publique
(…) Ils sont arrivés sur la place. Jésus va tout droit au comptoir
de la gabelle où Matthieu est en train de faire ses comptes et de
vérifier les pièces de monnaie. Il les répartit par catégories en les
mettant dans des sacs de diverses couleurs qu’il place dans un coffre de
fer que deux serviteurs attendent de transporter autre part.
A peine l’ombre projetée par la grande taille de Jésus s’allonge-t-elle
sur le comptoir que Matthieu lève la tête pour voir qui vient le payer
en retard. Pierre tire alors Jésus par la manche pour lui dire : « Il n’y a rien à payer, Maître. Que fais-tu ? »
Mais Jésus ne répond pas. Il fixe les yeux sur Matthieu, qui s’est
levé immédiatement en signe de respect. Un second regard pénétrant.
Mais ce n’est pas, comme l’autre fois, un regard de juge sévère. C’est
un regard d’appel, un regard aimant, qui l’enveloppe, le pénètre
d’amour. Matthieu rougit. Il ne sait que faire, que dire… « Matthieu, fils d’Alphée, l’heure a sonné. Viens. Suis-moi, lui déclare Jésus majestueusement. – Moi ? Maître, Seigneur ! Mais sais-tu qui je suis ? C’est pour toi, pas pour moi, que je le dis… – Viens, suis-moi, Matthieu, fils d’Alphée, répète Jésus plus doucement. – Ah ! Comment puis-je avoir trouvé grâce auprès de Dieu ? Moi… Moi… – Matthieu, fils d’Alphée, j’ai lu dans ton cœur. Viens, suis-moi. » Cette troisième invitation est une caresse. « Oh ! Tout de suite, mon Seigneur ! »
En larmes, Matthieu sort de derrière le comptoir sans plus
s’occuper de ramasser les pièces de monnaies éparses ou de fermer le
coffre. Rien. (…)
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