Les cinq leçons de vie d’un scout de légende
Agnès Pinard Legry | 23 juillet 2018
Chef scout, aventurier et écrivain, Guy de Larigaudie est mort à 32 ans pour la France le 11 mai 1940. Porté par une incroyable joie de vivre et par le désir de Dieu, il a parcouru le monde. Dans son ouvrage "Étoile au grand large", il se livre sur ses aventures, intimement liées à sa quête spirituelle.
« Il faut coller à la vie comme on colle à un cheval. Il faut en suivre souplement les moindres mouvements, sans jamais se raidir contre elle ». Guy de Larigaudie a été de ces hommes qui ont aimé la vie, la croquant à pleines dents et la savourant avec délice. S’il est tombé au champ d’honneur à la frontière du Luxembourg le 11 mai 1940 à seulement 32 ans, il a marqué des générations entières de jeunes, de scouts, qui ont trouvé dans ses écrits un appel à l’aventure, un chant d’espérance et le témoignage vibrant d’une quête spirituelle intense et exigeante.Marqué par ses années de scoutisme, Guy de Larigaudie a été par la suite journaliste pour la revue Le Scout de France. Son métier tout autant que sa soif de découverte l’ont amené à voyager sur les cinq continents. Mais c’est en 1937 qu’il se fait connaitre du grand public en réalisant la première liaison automobile entre Paris et Saïgon avec son ami Roger Drapier. Un raid qu’il a raconté dans La Route aux aventures et qui donne à comprendre l’état d’esprit dans lequel il se trouvait pour réaliser cet exploit.
Souvent considéré comme son testament spirituel, Étoile au grand large a été publié quelques années après sa mort, en 1943. Se présentant comme un recueil de pensées, Guy de Larigaudie partage ici des réflexions qui l’ont animé tout au long de son existence. Des leçons de vie telles que la force du sourire, l’Amour et la soif d’infini qui animent chaque homme mais aussi la place de l’aventure dans nos vies et de celle, plus discrète mais ô combien nécessaire, de la flânerie.
Conseil n°1 : semer la joie par le sourire
« Il est un bon moyen de se créer une âme amicale : le sourire. Pas le sourire ironique et moqueur, le sourire en coin de lèvres, qui juge et rapetisse. Mais le sourire large, net, le sourire scout à fleur de rire. Savoir sourire : quelle force ! Force d’apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement », écrit Guy de Larigaudie. Pourquoi ne pas user et abuser de ce moyen si simple ? « Le sourire est un reflet de joie. Il en est source. Et là où la joie règne – je veux dire la vraie joie, la joie en profondeur et en pureté d’âme – là aussi s’épanouit cette « âme amicale » dont parlait si bien Schaeffer. Routiers, soyons des porteurs de sourires, et par là des semeurs de joie », enjoint l’aventurier.
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La puissance d’un sourire Conseil n°2 : comprendre et accepter sa soif d’infini
Dans ses Pensées, Blaise Pascal expliquait que « nous avons un instinct qui nous élève et que nous ne pouvons réprimer ». Cet instinct est un moteur qui encourage l’homme à toujours repousser ses limites. Mais parce que l’homme est un être fini, sa quête d’infinie peut paraître vaine. « Je ressens que ce qu’il y a de plus vrai, de plus beau, de plus juste en moi est aussi ce qu’il y a de plus éloigné, de plus inaccessible », écrivait encore le philosophe. Cette quête d’infini, cette soif d’absolu, Guy de Larigaudie l’a expérimentée à de nombreuses reprises lors de ses voyages. « Le monde où nous vivons n’est pas à notre taille et nous avons le cœur gros parfois de toute la nostalgie du ciel, décrit-il avant de détailler : « À la pomme du grand mât sur un voilier, lorsque plus aucune terre n’est en vue, on possède pour soi seul le cercle d’horizon. On voudrait pourtant pouvoir repousser plus loin encore cette ligne, faire éclater cette limite, qui malgré tout nous emprisonne parce que nous sommes faits pour des lointains plus vastes que les étendues rabougries des horizons terrestres. »Conseil n°3 : Mettre l’aventure à notre portée
Parcourant les chemins du monde, Guy de Larigaudie a choisi l’aventure. « L’avion découvre à l’homme son Empire et lui réapprend qu’il est Roi », écrit-il. À l’image de l’avion, ses voyages lui ont donné à comprendre toutes les possibilités qui s’offraient à l’homme sur terre. Autant d’opportunités de découvrir, de comprendre et de cheminer… y compris à l’intérieur de soi-même. À chacun de trouver son aventure : « Des rêves trop grands pour notre carrure pèsent parfois sur nos épaules, rêves de conquérant, de saint ou de découvreur du monde, rêves qui furent ceux réalisés d’un Mermoz, d’un Gengis-Khan ou d’un François d’Assise. Il ne faut pas nous désoler d’être seulement ce que nous sommes. L’aventure la plus prodigieuse est notre propre vie et celle-là est à notre taille », indique-t-il.
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« La ville, anonyme, cacophonique et haletante, où l’esprit est malaxé à une cadence de riveteuse ou de machine à emboutir, ne permet que difficilement la flânerie dans le silence et la solitude », rappelle Guy de Larigaudie. Pourtant, elle est essentielle à notre équilibre intérieur. « Il nous faut réapprendre la flânerie. Non pas celle où l’on promène un cœur vide et une âme sans pensée. Mais la flânerie féconde qui est comme une retraite en soi-même. Au hasard de mille promenades solitaires, on découvre plus de trésors que n’en contiendront jamais tous les lagons secrets des îles de corail. »
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