sophie,
Aujourd'hui, Mercredi 5 Avril, nous prions pour les lois concernant la famille.
Pour introduire cette prière, je rappellerai deux passages bibliques,
l'un concerne le lien conjugal, l'autre la place de la famille dans la
création.
"Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur ; parce que le
mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de
l’assemblée, lui le sauveur du corps. Maris, aimez vos propres femmes,
comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour
elle. De même aussi, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme
leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme s’aime lui-même". (Éphésiens 5:23-28)
"Dieu créa l'homme à son image : Il le créa à l'image de Dieu. Homme
et femme il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds,
multipliez-vous, Remplissez la terre et soumettez-la." (Genèse 1:27-28)
Dans le monde d'aujourd'hui, marqué par le féminisme et par la critique
de la domination patriarcale, la Parole que saint Paul nous donne à
entendre peut paraître à beaucoup comme une véritable « provocation »
puisqu'en instituant le mari comme « chef » de la femme, Paul semble
attribuer à la femme un rôle second et subalterne qui justifie la
domination patriarcale tant décriée.
Pourtant, cette lecture serait assurément trop simpliste.
D'une part, parce qu'elle confond « autorité » et « pouvoir » :
l'autorité bien comprise, en effet, n'est nullement un « pouvoir » (et
par conséquent une domination exercée par l'homme sur la femme), mais un
« service » : l'homme n'a d'autorité sur la femme que pour autant qu'il
sert le bien commun de la cellule familiale, et par conséquent qu'il se
met au service du bien de son épouse.
La domination de l'homme sur la femme peut éventuellement se justifier
par la condamnation prononcée par Dieu suite au péché originel (Genèse
3:16), mais à ce stade de la révélation, nous ne sommes pas encore sous
le régime de la nouvelle alliance, où l'autorité bien comprise (dont le
Christ donne l'exemple lors du lavement de pied de ses disciples) doit
désormais être exercée uniquement comme un service (au même titre que
les gouvernants élus devraient être théoriquement au service du bien
commun de ceux qu'ils gouvernent).
On comprend dès lors pourquoi la femme peut accepter de se soumettre à
l'autorité de son mari : quelle femme n'a jamais rêvé d'un « chevalier
servant » ? Et la suite du texte en donne la confirmation : ce n'est que
pour autant qu'il aime sa femme jusqu'à donner sa vie pour elle que le
mari peut avoir autorité sur son épouse.
Nous ne sommes donc nullement dans un rapport de domination machiste,
mais le lien conjugal repose au contraire, si l'on veut lui donner un
fondement solide, sur la reconnaissance de cette complémentarité dans la
vocation spécifique de chacun. S'éloignant profondément de la
révélation biblique, notre modèle de société actuel tend de plus en plus
à la confusion des rôles, et à l'indifférenciation des tâches, ce qui
précarise toujours plus la famille.
Sous l'impulsion du féminisme, qui lutte légitimement contre une
domination patriarcale où la femme est la servante de l'homme, plus que
son complément assorti (on voit là les conséquences du péché, qui
altèrent la relation initialement harmonieuse de l'homme et de la
femme), on ne parvient à penser l'émancipation de la femme à l'égard de
ce népotisme masculin que par imitation d'un modèle purement masculin
(comme si la femme devait se masculiniser pour devenir l'égal de l'homme
!), ce qui ne fait paradoxalement que renforcer la domination masculine
au nom d'une confusion dramatique entre égalité et identité, la
complémentarité laissant alors la place à l'indifférenciation des rôles
et à la confusion des genres !
On voit les dégâts causés aujourd'hui par la disparition du modèle
biblique : le père, dont l'autorité est contestée (son rôle est
théoriquement d'incarner la Loi) déserte parfois sa famille pour se
réfugier dans son travail, la femme se retrouve souvent seule pour
élever ses enfants, la maternité est perçue, de plus en plus, comme ce
qui asservit la femme à des tâches purement domestiques en la maintenant
sous la tutelle de l'homme - d'où le recours à la contraception et à
l'avortement pour permettre aux femmes de mener leur vie comme elles
l'entendent, etc.
Le mariage n'est plus vu comme une institution naturelle garantissant la
protection des enfants, mais comme un simple « contrat » dont on peut
se libérer par simple demande, etc, etc. Or la famille est pourtant la
cellule de base de la société : une société n'est pas composée
d'individus, comme on voudrait nous le faire croire aujourd'hui, mais
elle est composée de familles, familles dont la solidité garantit à son
tour la solidité et la stabilité du lien social, en préparant les
individus à s'engager pleinement en elle et à y assumer des
responsabilités.
Ce n'est pas un hasard si les Etats totalitaires ont souvent cherché à
arracher les enfants à leur famille pour prendre en charge leur
éducation à la place des familles, car la famille, première instance de
socialisation, a toujours été, de par les valeurs qu'elle transmet, le
plus puissant garde-fou contre toutes les idéologies que l'on voudrait
inculquer aux enfants.
Face à la multiplication des divorces, qui fragilisent toujours plus les
individus en les laissant désemparés, il devient donc urgent de prier
pour que nos gouvernants comprennent que toutes les lois qui fragilisent
la famille ne peuvent que fragiliser considérablement la société
elle-même. Les nouveaux modèles familiaux, souvent encouragés par l'Etat
(familles recomposées, monoparentales, et bientôt homoparentales)
peuvent certes bénéficier d'une attention particulière de la part de
l'Etat, à condition de ne pas les considérer comme des alternatives
viables qui pourraient prendre la place du modèle biblique : elles ne
sauraient, en aucun cas, devenir normatives pour la société dans son
ensemble sans menacer gravement l'avenir de la société.
On peut s'inspirer librement de cette prière pour aujourd'hui :
"Seigneur, dans ton plan d'amour pour l'humanité, tu as voulu que
l'homme et la femme ne fassent plus qu'un pour témoigner de l'unité qui
règne entre les personnes divines. Ne permet pas que le lien qui unit
l'homme et la femme puisse être si aisément dissous aujourd'hui par des
lois facilitant toujours plus le divorce, au nom d'une conception
appauvrie de la liberté.
Vient redonner aux hommes et aux femmes de notre monde, souvent
blessés par des expériences douloureuses, le sens des responsabilités
familiales et du don de soi, l'esprit de service également, sans
lesquels aucune famille ne peut tenir durablement. Viens fortifier par
ton Esprit l'amour des conjoints qui se confient en toi et croient en
toi.
Redonne aux jeunes qui se marient le sens de la fidélité à leurs
engagements, et ne permet pas que des unions contraires à ta volonté
puissent venir ternir le caractère sacré du mariage humain. Que les
familles et les jeunes filles restent ouvertes à l'accueil de la vie, y
compris lorsque cette vie n'est pas désirée ou qu'elle n'est pas
totalement conforme à leur attente. Vient inspirer enfin nos
gouvernants, par ton esprit de sagesse et de discernement, afin que les
lois qu'ils promulguent puissent toujours plus servir la famille, au
lieu de la fragiliser.
En Jésus, qui intercède pour nous.
Amen."
En union de prière pour la France,
Charles-Eric de St-Germain
Philosophe et auteur |
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