En
ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et
de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et
aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu
ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne
ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon
le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. Venez à moi, vous tous
qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le
repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux
et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon
joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Comme
à son habitude, Matthieu a regroupé trois paroles différentes de Jésus,
parce qu'elles s'éclairent l'une l'autre, et que les trois nous
apportent un message d'espérance.
Nous
entendons d'abord un cri de jubilation de Jésus, qui est en même temps
une louange à son Père, exprimée dans le langage des psalmistes : " Je
te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre !"
Ce
qui provoque cette admiration et cet étonnement joyeux de Jésus, c'est
tout simplement la pédagogie mise en œuvre par le Père pour le salut des
hommes : "Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les
as révélées aux tout-petits."
De
plus en plus, durant son ministère public, Jésus avait rencontré le
refus d'une partie de son peuple. Les moins ouverts à son message sont
les scribes, les spécialistes, les maîtres à penser, tous ceux qui
s'imaginent posséder une fois pour toutes la vérité et n'avoir plus
besoin de la chercher avec les autres. Les petits, au contraire, les
pauvres en Esprit, acceptent de bon cœur de s'ouvrir à l'espérance que
Jésus leur apporte.
Certes,
Jésus ne se réjouissait pas de cette fronde des gens instruits - car il
les voulait aussi pour le Royaume - mais il laisse éclater sa joie de
voir les humbles se laisser faire si facilement par Dieu et se rallier
si vite à son dessein d'amour.
Cette
simplicité du cœur n'est pas le fruit d'une culture qui serait
l'apanage des riches ; c'est une richesse de l'esprit et une clarté du
regard qu'aucune science ne peut transmettre, si ce n'est la "science
d'amour", comme disait la petite Thérèse. La vie authentique, la vie
selon l'Évangile, est à base de fidélité et de grandeur d'âme, et elle
ne se trouve pas immédiatement au bout de la recherche des hommes, mais
suppose une victoire de chacun sur ses mensonges.
On
constate, entre les chrétiens, divers niveaux de culture, et c'est
normal ; mais il n'y a qu'un seul salut, et ce salut, qui vient par la
foi au Christ vivant, ne dépend pas de ce qu'un homme a trouvé dans les
livres, mais de ce qu'il inscrit, jour après jour, dans le livre de sa
vie, ce livre que Dieu seul peut ouvrir ou fermer.
Au
fond, quel que soit le degré de notre culture, quels que soient le
brillant ou l'obscurité de notre situation, que l'on soit bureaucrate ou
cantonnier, ingénieur ou conducteur d'autobus, que l'on soit cantatrice
ou mère de famille, la vie, la vie réelle, quotidienne, est faite de
petites choses, et une existence chrétienne pèse, en définitive, son
poids d'amour, uniquement son poids de charité.
Oui,
tel a été, et tel est encore le bon plaisir du Père : que les plus
humbles gardent toutes leurs chances face au Règne de Dieu qui vient sur
terre. Certes, Jésus ne déprécie pas la science, et il a su discuter
sans complexe avec les hommes les plus fins de Jérusalem ; Jésus ne
donne pas de prime à la paresse intellectuelle ni à l'étroitesse
d'esprit, et après sa résurrection, il a suscité comme treizième Apôtre
un saint Paul, bilingue parfait, théologien de haut vol, un homme
préparé par une longue recherche à unir la culture juive et la culture
grecque. Mais aux yeux du Christ la culture, tout comme la technique et
le savoir-faire, doit se mettre au service d'une réponse de foi, doit
devenir le service d'un croyant qui aime.
À
chaque époque, et tout spécialement à la nôtre, la communauté de Jésus
doit se défendre contre la tentation des nouveaux scribes. Jamais la
recherche n'a été plus urgente dans l'Église, recherche biblique,
recherche théologique, recherche pastorale et missionnaire ; car il nous
faut dire aujourd'hui notre foi et rendre raison de l'espérance
qui est en nous. Mais nous ne sommes pas propriétaires de la Révélation,
nous n'en sommes pas les maîtres, et nous ne pouvons pas repartir à
zéro, à partir de nos évidences d'aujourd'hui, en effaçant l'œuvre de
Dieu, l'initiative et la Parole de Dieu, le droit de Dieu à être adoré
et servi en silence.
Ce
Jésus même, dont si facilement, si légèrement, nous nous réclamons, il
nous faut apprendre, humblement, à le connaître, car nul ne connaît le
Fils si ce n'est le Père, et c'est le Père qui révèle son Fils en nous,
or il nous le révèle comme le Serviteur qui a souffert, comme un Messie
crucifié puis glorifié. Voilà l'Évangile que personne jamais ne pourra
récrire.
Personne
non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le
Fils veut le révéler. Nous ne pouvons regarder le Père qu'avec les yeux
du Fils ; nous ne pouvons parler au Père qu'avec les paroles révélées
par le Fils.
Et
ce regard qui touche Dieu, ces paroles qui rejoignent Dieu, Jésus, lui
aussi, ne les enseigne qu'aux humbles, aux hommes de bonne volonté qui
ne jouent pas au plus fort avec Dieu, à tous ceux qui acceptent de se
mettre à son école.
C'est
une école exigeante que celle du Christ ; car il ne libère pas l'homme
de toute obligation morale : il exige plus, mais autrement. Il pose, lui
aussi, un joug sur nos épaules, mais en nous soumettant à sa loi
renouvelée, il nous donne en même temps la joie du Royaume, l'allégresse
de ceux qui se savent aimer et pardonnés.
Le
joug du Seigneur, ne blesse pas, même quand il y a un seul joug pour
deux ; le fardeau du Seigneur, semble léger, parce qu'il nous libère
progressivement du poids de notre égoïsme et de notre agressivité.
Nous
passons notre vie à courir après le repos, après la stabilité, après
des circonstances favorables où nous pourrons enfin servir, enfin aimer.
Pourquoi ne pas entrer aujourd'hui dans le repos de Jésus, dans le
paradoxe de l'humilité, de la douceur et de la croix ?
Le Maître est là, il nous attend.
Retournons à l'école.
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Lundi 24 juillet 28
Lieu Capharnaüm
Livre Tome 4 – ch 266.14 2ème année vie publique
Et Jésus, levant les yeux vers le ciel qui s’assombrit à l’approche du soir, s’écrie : « Je te remercie, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, d’avoir
caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux
tout-petits. Il en est ainsi, Père, parce que tel a été ton bon plaisir.
Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne le connaît si ce n’est le
Fils et ceux auxquels le Fils aura voulu le révéler. Et moi, je l’ai
révélé aux petits, aux humbles, aux purs, car Dieu se communique à eux ;
la vérité descend en eux comme une semence sur des terres libres, et le
Père fait pleuvoir sur elle ses lumières afin qu’elle s’enracine et
produise une plante. Le Père prépare les âmes de ces petits – petits par
l’âge ou du fait de leur volonté – pour qu’ils connaissent la vérité et
que j’aie la joie de leur foi. »
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