En
ce temps-là, Jésus, voyant une foule autour de lui, donna l’ordre de
partir vers l’autre rive. Un scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je
te suivrai partout où tu iras. » Mais Jésus lui déclara : « Les renards
ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de
l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Un autre de ses
disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon
père. » Jésus lui dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs
morts. »
La
parole de Jésus a ceci d'étrange que l'on n'est jamais quitte envers
elle. Nous ne pouvons pas l'enfermer, même dans l'écrin de notre cœur.
Nous ne pouvons pas la refermer, en disant : "J'ai lu, j'ai compris". Et
même lorsqu'une parole de Jésus nous a déjà remués et convertis, nous
la retrouvons toute neuve, d'année en année, de liturgie en liturgie,
comme un regard qui guette notre regard.
Ainsi en va-t-il des deux paroles d'aujourd'hui, qui jusqu'au bout nous remettront en exode.
"Maître,
je te suivrai, où que tu ailles !" Cela, nous l'avons dit, dès la
première rencontre, dès le premier désert où Jésus nous a parlé au cœur,
(littéralement : sur le cœur).
"Je
te suivrai", dit l'homme, et Jésus ne dit pas non, Jésus ne le
décourage pas. D'ailleurs, à d'autres il dit lui-même : "Viens ;
suis-moi !"
"Je te suivrai où que tu ailles".
C'est cette ambition qui a fait réagir Jésus, car le suivre partout, le
suivre jusqu'au bout, ce sera mener une existence errante, plus
vagabonde, plus insécurisée que la vie des bêtes sauvages, qui ont
encore nid et tanière ! Et cet exode nous attend spécialement dans la
vie fraternelle.
Certes,
on pourrait calquer le quotidien d'une communauté sur le mode de vie
des lapins de garenne : quinze sœurs, quinze terriers ! Mais
l'expérience nous le montre très vite : au monastère il ne peut être
question de nous creuser une tanière pour y goûter à volonté une fausse
solitude ou pour échapper de temps à autre au coude à coude et à
l'aventure communautaires.
Jamais
non plus nous ne pourrons réclamer un nid, parce que nous n'avons pas
d'autre amour à abriter que notre attachement au Seigneur, et la vie
fraternelle se construit, non pas dans la facilité ni dans une chaleur
artificielle, mais dans un dialogue courageux qui réclame chaque jour
une sortie de soi-même.
Nous
sommes donc prévenus : "le Fils de l'Homme n'a pas où reposer sa tête" ;
il n'y aura pas d'oreiller non plus pour ceux qui veulent le suivre, et
nous n'aurons pas de repos avant le grand repos de Dieu. Mais quelle
joie, quel honneur d'user ses forces pour un tel maître !
Quand nous pensons à notre effort de vie évangélique et de prière, nous pensons désert. Le désert, c'est bien ; mais l'exode au
désert, voilà qui nous rapproche du destin de Jésus. Pour rester en
exode, il faut que notre cellule, habitée par le silence, et surtout
l'espace de notre cœur, soient la tente du désert où nous venons chaque
jour rencontrer le Seigneur pour une nouvelle étape de vie d'Église et
pour de nouveaux pas dans la vie fraternelle.
Car
les deux sont liées intimement, et notre vie fraternelle authentifie
nos désirs missionnaires. En plein monde comme au cloître, elle est la
première manière, concrète et quotidienne, de servir le royaume et
d'entrer dans l'œuvre de Dieu.
Il
est une demande que le Christ exauce toujours, celle d'une communauté
de pauvres qui lui redit, avec la témérité d'un amour sincère et
réaliste : "Seigneur, nous te suivrons, ensemble, où que tu ailles".
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Mercredi 1er mars 28
Lieu Bethsaïde
Livre Tome 3 – ch 178.2 2ème année vie publique
(…) Ils arrivent déjà près du rivage lorsque, après une lutte
acharnée, un homme d’âge moyen et de condition honorable s’approche du
Maître et, pour attirer son attention, lui touche l’épaule. Jésus s’arrête et se retourne : « Que veux-tu ?
– Je suis scribe, mais ce qu’il y a dans tes paroles ne peut se
comparer à ce que renferment nos préceptes. Elles m’ont conquis. Maître,
je ne te quitte plus. Je te suivrai partout où tu iras. Quelle est ta
route ? – Celle du Ciel. – Ce n’est pas d’elle que
je parle. Je te demande où tu vas. Après celle-ci, quelles sont les
maisons où je pourrai toujours te trouver ? – Les renards ont
leurs tanières et les oiseaux leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a
pas où reposer sa tête. Ma maison, c’est le monde, partout où il y a des
âmes à instruire, des misères à soulager, des pécheurs à racheter. – Partout, alors.
– Tu l’as dit. Toi qui es docteur d’Israël, pourrais-tu faire ce
que ces tout-petits font par mon amour pour moi ? Ici, on exige
sacrifice, obéissance, charité envers tous, ainsi que l’esprit
d’adaptation en tout, avec tous. Car la compréhension attire. Celui qui
veut soigner doit se pencher sur toutes les plaies. Après, ce sera la
pureté du Ciel. Mais ici, nous sommes dans la boue et il faut arracher à
la boue, sur laquelle nous posons les pieds, les victimes déjà
submergées. Ne pas relever ses vêtements, ni s’éloigner parce que la
boue est plus profonde à cet endroit. La pureté, c’est en nous qu’elle
doit être. Il faut en être pénétré de façon que rien ne puisse plus
entrer. Peux-tu tout cela ? – Laisse-moi essayer au moins. – Essaie. Je prierai pour que tu en sois capable. »
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