En
ce temps-là, la mère de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, s’approcha
de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui
faire une demande. Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : «
Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre
à ta gauche, dans ton Royaume. » Jésus répondit : « Vous ne savez pas
ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? »
Ils lui disent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Ma coupe, vous la
boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi
de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux
frères. Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des
nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur
pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut
devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être
parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme
n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en
rançon pour la multitude. »
Vraiment
le moment était mal choisi : Jésus venait, pour la troisième fois,
d'annoncer ses souffrances et sa mort, et voilà que la vieille maman
arrive, demandant pour ses fils un destin exceptionnel, glorieux, à
droite et à gauche de Jésus.
Que
demandaient les deux frères ? Un privilège, et une préséance dans le
Royaume ; bref, une maîtrise et un pouvoir. Or c'est justement cela qui
est exclu dans la future communauté de Jésus : "Parmi vous, et il n'en
sera pas ainsi" : pas de pouvoir à prendre, pas de supériorité à faire
sentir, pas de rêves de grandeur, pas de manœuvres pour être le premier.
À la suite de Jésus, l'ambition sera tout autre : se faire serviteur,
accepter des tâches subalternes, donner sa vie pour la multitude.
Dans
la communauté de Jésus, la seule grandeur, c'est le service. Plus on
sert, plus on est grand, plus on s'efface au nom du Seigneur, plus le
Seigneur nous reconnaît pour ses disciples. Que nous ayons encore toutes
nos forces ou que nos pas soient déjà comptés, que nous soyons en vue
ou dans l'ombre, que nous soyons en charge ou non, notre seule grandeur,
c'est de servir et de donner notre vie pour le monde à sauver.
Et
Jésus prend bien soin de le souligner : le monde ne juge pas de cette
manière. Même dans nos communautés, nous aurions tendance à mesurer les
choses autrement, à valoriser les personnes selon les critères du monde :
efficacité, confiance en soi, aisance dans les échanges, facilité à se
faire aimer. Mais Jésus, lui, ne regarde pas le rang des personnes, ni
le brillant de leur situation, ni la considération dont on les entoure,
ni la confiance qui spontanément leur est faite ; il regarde seulement
comment chacun, là où il est, se met au service de ses frères ; et il
pèse chaque vie au poids de la charité. Le meilleur de nous-mêmes, c'est
cette volonté de servir. Elle demeure souvent à demi cachée, mais elle
n'échappe pas à Dieu, qui lit en nous à livre ouvert.
Concrètement,
ce nouveau style de vie, c'est à saint Paul que nous pouvons le
demander. Le trésor de la mission de Jésus, qui valait bien à ses yeux
tous les honneurs du monde, il avait conscience de le porter dans un
vase de terre cuite : tout son tonus d'apôtre lui venait de Dieu
lui-même. Il se sentait souvent à la limite de la résistance :
maltraité, désorienté, pourchassé, abattu ; et seule l'extraordinaire
puissance de Dieu empêchait, dans chaque épreuve, qu'il réagisse comme
un homme oppressé, désemparé, abandonné, anéanti.
Jésus
disait : "Donner sa vie pour la multitude." Paul traduisait : imiter
Jésus dans ce don total, "porter sans cesse dans notre être la mise à
mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée
dans notre existence mortelle".
Cela
passait, pour Paul, par des voyages, des angoisses de prédicateur, des
soucis de fondateur d'Églises. Cela passe pour nous par une vie de
témoignage et de prière, au cœur de l'Église, en pure perte de
nous-mêmes, en pauvreté et nudité d'esprit. Cela se dit par une parole
venue de la foi vive : "j'ai cru, et c'est pourquoi j'ai parlé", j'ai
cru, c'est pourquoi je suis entré dans le silence, pour la gloire de
Dieu et le salut du monde.
Jusqu'où
devront aller l'oubli de nous-mêmes et notre générosité de serviteurs
et de servantes ? Nul d'entre nous ne le sait d'avance, car les choix de
Dieu ne se révèlent qu'à ceux qui cheminent. Mais notre amour de Jésus
nous dicte quand même une réponse, un projet audacieux et humble à la
fois : nous voulons boire la coupe que Jésus a bue tout entière.
Autrement dit, nous voulons tout partager de son destin, et c'est bien
aussi le don qu'il veut nous faire.
N'ayons
pas peur de dire oui d'avance, ne craignons pas que notre amour soit
plus grand que nos forces, car Dieu aime ceux qui donnent avec joie, et
c'est son Esprit qui nous fait accomplir ce dont nous rêvons pour sa
gloire. Avec sa coupe qu'il nous tend Jésus nous offre son amitié :
rejoignons son destin, "rien que pour aujourd'hui".
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Mardi 26 mars 30
Lieu Doco
Livre Tome 9 – ch 577.9 Préparation à la Passion
(…) Les apôtres se sont arrêtés pour les attendre et se sont tous
regroupés, même Jacques et Jean, qui étaient derrière les autres avec
leur mère. Pendant qu’ils se reposent de la marche et que certains
mangent un peu de pain, la mère de Jacques et Jean s’approche de Jésus
et se prosterne devant lui, qui ne s’est même pas assis dans sa hâte de
reprendre la route. Jésus l’interroge, car il est visible qu’elle désire lui demander quelque chose : « Que veux-tu, femme ? Parle. – Accorde-moi une grâce, avant que tu t’en ailles, comme tu l’annonces. – Quoi donc ?
– Ordonne que mes deux fils, qui ont tout quitté pour toi,
siègent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, quand tu seras dans ta
gloire, au Royaume des Cieux. » Jésus observe la femme, puis il tourne les yeux vers les deux apôtres et leur dit :
« C’est vous qui avez suggéré cette idée à votre mère en
interprétant très mal mes promesses d’hier. Ce n’est pas dans le cadre
d’un royaume de la terre que vous obtiendrez le centuple de ce que vous
avez quitté. Vous aussi, vous devenez avides et sots ? Mais ce n’est pas
vous : c’est déjà le crépuscule empoisonné des ténèbres qui s’avance et
l’air souillé de Jérusalem qui approche, vous corrompt et vous aveugle…
Vous ne savez pas ce que vous demandez ! Pouvez-vous boire la coupe que
je vais boire ? – Nous le pouvons, Seigneur. –
Comment pouvez-vous dire cela, si vous n’avez pas compris quelle sera
l’amertume de ma coupe ? Ce ne sera pas seulement l’amertume que je vous
ai décrite hier, mon amertume d’homme de toutes les douleurs. Il y aura
des tortures que, même si je vous les décrivais, vous ne seriez pas en
mesure de comprendre… Vous ressemblez à deux enfants qui ne connaissent
pas la portée de ce qu’ils demandent, mais puisque vous êtes deux
esprits justes et que vous m’aimez, il est certain que vous boirez à ma
coupe. Cependant, il ne dépend pas de moi de vous accorder de siéger à
ma droite ou à ma gauche. Il appartient à mon Père de l’accorder à ceux
pour qui il l’a préparé. »
Enseignement de Jésus :
Jésus me dit :
« Souligne bien l’expression : “ … il est certain que vous boirez
à ma coupe. ” Dans les traductions, on lit : “ ma coupe ”. J’ai dit : “
à ma coupe ” et non pas “ ma coupe ”. Nul autre que moi n’aurait pu
boire ma coupe. Moi seul, le Rédempteur, j’ai dû boire mon calice
jusqu’à la lie. A mes disciples, à mes imitateurs et à ceux qui
m’aiment, il est certainement permis de boire, à cette coupe où j’ai bu,
une goutte, une gorgée, ou les gorgées que la prédilection de Dieu leur
permet de boire. Mais jamais personne ne boira la coupe tout entière
comme je l’ai fait. Il est donc juste de dire : “ à ma coupe ” et non
pas “ ma coupe ”. »
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