Le
premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand
matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a
été enlevée du tombeau. Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout
en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit
deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à
l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : «
Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon
Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » Ayant dit cela, elle se
retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas
que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui
cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si
c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le
prendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle
lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend
: « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va
trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre
Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc
annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce
qu’il lui avait dit.
Dans tous les récits évangéliques qui rapportent une apparition de Jésus ressuscité, on retrouve trois éléments :
Le Christ ressuscité prend l’initiative : il se fait voir, puis il se fait reconnaître, et enfin il confie une mission.
Ici
Marie de Magdala semble avoir pris les devants : elle se hasarde hors
des murs de Jérusalem alors qu’il fait encore sombre. Mais elle s’attend
à trouver un homme mort ; c’est un mort qu’elle cherche, parce qu’elle
ne veut pas oublier, et elle accuse déjà ceux qui l’ont devancée : « Ils
ont enlevé mon Seigneur, et nous ne savons pas où ils l’ont mis ! »
Elle
est en quête de son Seigneur mort, du corps de son Seigneur, mais la
véritable initiative va venir du Vivant, de Jésus de nouveau vivant, qui
se tient là où elle est, et qui lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ?
Qui cherches-tu ? »
Ainsi
l’initiative de Jésus vient au-devant du courage de Marie Madeleine :
si elle trouve, c’est parce qu’elle cherche, mais surtout parce que
Jésus la cherche.
Mais il faut que Jésus se fasse reconnaître. Or la reconnaissance du Ressuscité est souvent difficile.
Marie
Madeleine, dans un premier temps, croit avoir affaire au jardinier :
elle n’a reconnu ni les traits ni la voix de Jésus. D’ailleurs Marie ne
s’attend pas à rencontrer un homme debout, un homme qui parle. Elle
cherche un corps inerte, et son chagrin lui fait dire des choses
impossibles : « Si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et
moi, j’irai le prendre ». Comme si elle aurait eu la force d’emporter
dans ses bras le corps de son Seigneur !
Mais
ce qui rend surtout la reconnaissance difficile, c’est que Marie est
fixée sur le passé, sur le visage d’autrefois, sur l’amitié d’autrefois,
sur le déjà vécu. Elle est comme murée dans ses regrets et dans ses
souvenirs ; et il va falloir que Jésus l’arrache à cet enfermement, à
cette clôture sur elle-même et sur son passé, car elle se cherche
elle-même à travers Jésus aimé.
Jésus
lui dit simplement : « Marie ». Immédiatement elle retrouve les
réflexes d’autrefois : « Rabbouni » : mon maître ! Mais Jésus ajoute : «
Ne me retiens pas (ne cherche pas à me retenir comme le passé revenu),
car je ne suis pas encore monté vers le Père ». Désormais, c’est auprès
du Père qu’il faut chercher Jésus. Désormais elle devra trouver la
présence de Jésus à travers son absence sensible, elle devra rejoindre
l’amour du Seigneur dans sa propre solitude ; elle devra vivre
d’espérance.
Jésus
s’est fait reconnaître, et sans attendre il donne à Madeleine une
mission : « Va trouver mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père
et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».
Voilà
la réponse de Jésus à la solitude de Madeleine : un envoi, une mission
personnelle. C’est en allant vers les frères de Jésus, vers ses frères,
que Marie Madeleine quittera son passé trop centré sur elle-même ; c’est
en obéissant à sa mission qu’elle trouvera, d’une autre manière, la
présence de son Seigneur.
Le
visage du jardinier, c’est pour nous, par exemple, l’aspect décevant de
notre service, de notre environnement familial ou fraternel, de la
dynamique communautaire ; ce sont les nouvelles exigences de la vie en
Église, les nouveaux chemins de la fidélité, qui ne ressemblent en rien à
ce que nous avions prévu. Tout cela, pensons-nous, est trop ordinaire
pour révéler les traits de Jésus. Or justement le salut se reçoit et se
vit dans l’ordinaire, dans le quotidien assumé avec amour, avec la
certitude de la présence de Jésus.
C’était
déjà la leçon de Nazareth. C’est encore l’un des messages du matin de
Pâques, et Marie Madeleine nous le donne à comprendre lorsqu’elle vient
nous confier : “J’ai vu le Seigneur. Voilà ce qu’il m’a dit”.
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Dimanche 7 avril 30
Lieu Jérusalem
Livre Tome 10 - ch 619.9 Glorification
(...) Puis elle lève la tête et regarde à l’intérieur et, à travers
ses larmes, voit deux anges assis à la tête et aux pieds de la pierre de
l’onction. La pauvre Marie est tenaillée par un tel combat intérieur
entre l’espérance qui meurt et la foi qui ne veut pas mourir, qu’elle
les regarde d’un air hébété, sans même s’étonner. Cette femme courageuse
qui a résisté héroïquement à tout n’a plus que des larmes. « Pourquoi pleures-tu, femme ? » demande l’un des deux enfants lumineux — car ils ont l’aspect de très beaux adolescents. – Parce qu’ils ont emporté mon Seigneur, et je ne sais où ils me l’ont mis. »
Marie n’a pas peur de leur parler, elle ne demande pas : “ Qui
êtes-vous ? ” Rien ne l’étonne plus. Tout ce qui peut étonner une
créature, elle l’a déjà subi. Elle n’est plus qu’une âme brisée qui
pleure sans force ni retenue. L’ange tourne les yeux vers son
compagnon en souriant, et l’autre fait de même. Et avec un éclair de
joie angélique, tous deux regardent en direction du jardin, tout fleuri,
maintenant que des millions de corolles se sont ouvertes au premier
soleil sur les frondaisons touffues de la pommeraie. Marie se
retourne pour suivre leur regard, et elle voit un homme très beau.
J’ignore comment elle peut ne pas l’identifier tout de suite. Cet homme la regarde avec pitié et lui demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (...)
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