Hérode veut la peau de Jésus et il la veut à tout prix. Ce Messie
annoncé, potentiellement futur roi d’Israël, déjà vénéré par les sages
d’Orient, risque de lui dérober son pouvoir. Perdre son pouvoir, cela
veut dire perdre ses privilèges. Ne plus être au-dessus des autres, ne
plus exiger, ne plus ordonner, ne plus se faire obéir, mais obéir à son
tour. Ça, Hérode ne le veut pas ! Et, pour garder son pouvoir, il est
prêt à tout, y compris à tuer les membres de sa famille.
Cette histoire n’est pas nouvelle. Ici encore, Matthieu construit un
parallèle avec l’Ancien Testament. Au tout début du Livre de l’Exode*,
Pharaon veut faire mourir tous les enfants mâles des esclaves hébreux
qui deviennent trop nombreux et menacent son pouvoir. Or, on connaît
l’histoire, Moïse réchappera de ce massacre. Mis à part pour sauver le peuple, Jésus est ici comme un nouveau Moïse qui, béni de Dieu, échappe aux manigances des hommes.
Hérode, quant à lui, fait table rase pour éradiquer la menace. La vie
n’a pas de prix à ses yeux, ou plutôt, la vie des autres ne vaut rien en
comparaison avec ses petits privilèges. Cette violence n’est pas
révolue. Aujourd’hui encore, beaucoup de mères à travers le monde
« pleurent leurs enfants et ne veulent pas être consolées car ils ne
sont plus ». Victimes collatérales et anonymes des luttes de pouvoir que
se livrent les nantis de tout poil, qu’ils soient religieux,
industriels ou politiques. Victimes invisibles de notre égoïsme lorsque
nous refusons de partager nos richesses pour ne pas diminuer notre petit
confort et nos petits avantages.
* Livre de l’Exode ch 1, v 2.
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