Dans sa construction d’un récit d’enfance, Matthieu est très
attentif à cumuler les éléments attestant que Jésus est bien le Messie
attendu. Entre autres, il propose plusieurs références aux prophéties de
l’Ancien Testament. La première est ce détour par l’Égypte qui a donné
lieu à tant de représentations délicieusement exotiques. Son souci,
encore une fois est de manifester le lien entre les promesses de Dieu, «
d’Égypte, j’ai appelé mon fils »,* et leur réalisation en Jésus.
En Égypte, où je vis, cet épisode est une gloire nationale. Ces trois
lignes dans l’Évangile donnent lieu aujourd’hui à de multiples
pèlerinages, lieux de cultes, célébrations et représentations diverses.
Sur les icônes, le voyage se fait tantôt à pied, à dos d’âne ou sur un
bateau. Peu importe au fond de savoir comment la Sainte famille
s’est déplacée, l’historicité de l’épisode n’est pas le plus important.
Le plus intéressant dans ces images c’est l’attitude des personnages. Il
en est un qui se tient toujours debout, souvent devant, c’est Joseph.
Car le héros de cet épisode ce n’est pas Jésus, c’est Joseph. C’est à
lui que Dieu s’adresse. C’est lui qui prend soin de son épouse et de
l’enfant, c’est lui qui organise la fuite. C’est lui qui conduit le
Messie loin du danger. C’est lui qui sauve le Sauveur. Ce n’est pas
rien. Mais cet humble héros, dépossédé de titre, ne sera même pas nommé «
père » dans l’Évangile. Pourtant, s’il n’est pas le géniteur, père il
l’est assurément, puisqu’il éduque, qu’il protège, qu’il conduit et
donc, qu’il aime.
* Livre d’Osée ch 11, v 1.
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