« Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (Jn 12, 24-26)
En
ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le
dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ;
qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si
quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là
aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »
Des
étrangers abordent Philippe, probablement parce qu'il a un nom grec ;
puis Philippe et André signalent à Jésus l'arrivée des Grecs.
La
réponse de Jésus est étrange au premier abord : "Elle est venue,
l'heure où le Fils de l'Homme doit être glorifié". Tout le mystère et
toute la lumière de cette réponse tiennent dans un seul mot : I'Heure.
L'heure de Jésus, pour saint Jean, ce n'est pas seulement un moment clé,
c'est la phase décisive du salut de l'humanité, le passage que fait
Jésus de ce monde au Père, en notre nom à tous ; c'est le moment où le
Fils de l'Homme doit être glorifié, mais glorifié en passant par la
mort. Si bien qu'aux yeux de l'évangéliste l'heure de Jésus englobe à la
fois l'entrée dans les souffrances, toute la passion, la résurrection,
la glorification auprès du Père, et même le don de l'Esprit Saint aux
disciples.
Nous
comprenons dès lors comment la phrase de Jésus est une réponse aux
Grecs : 'Vous me cherchez ? Bien. Mais sachez que pour vous les Grecs,
comme pour les Juifs, je serai un Messie crucifié". "Scandale pour les
Juifs, folie pour les païens", dira saint Paul.
Et
Jésus, selon son habitude, enchaîne avec une parabole. Si le grain de
blé ne meurt pas en terre, il reste seul ; c'est‑à‑dire qu'il reste ce
qu'il est : un simple grain, bien sec, intact, mais stérile. Si au
contraire il se vide de sa substance, il devient germe, puis moisson.
Et
cette parabole a deux faces. L'une a trait au Christ lui‑même, car sa
mort sera féconde et lui permettra d'accueillir les Grecs avec les Juifs
dans un seul bercail, une seule communauté, une seule Église. Mais
l'autre face nous concerne, nous les croyants ; et Jésus lui‑même
commente : celui qui aime sa vie, qui s'accroche à sa vie, en réalité
est en train de se détruire ; celui qui cesse de s'y attacher (c'est le
sens de l'expression juive quand haïr est opposé à aimer) permettra à
son existence de déboucher sur la vie éternelle.
Il
n'est donc pas question de haïr sa vie ni de haïr la vie. Il ne s'agit
ni de masochisme ni de tristesse, mais simplement d'aimer la vie de Dieu
et de vivre ici‑bas selon Dieu pour vivre éternellement avec lui. Le
chrétien, témoin de Jésus, ne cesse pas de vivre et de construire, avec
tous ses frères en humanité ; mais il ne vit plus à son compte : un
Autre vit en lui, qui est désormais propriétaire de toutes ses joies, de
toutes ses forces, et même de tous ses désirs, et cet Autre est Celui
qui est mort en terre le premier, comme le grain de blé, celui qui nous a
aimés et s'est livré pour nous.
"Haïr
sa vie", cesser de s'attacher à sa vie, ce n'est pas se détruire, ce
n'est pas tuer en soi les richesses de l'intelligence ou du cœur, c'est
commencer à vivre au compte de Jésus et au compte de Dieu, c'est livrer
dès maintenant sa vie à Jésus pour qu'elle devienne germe et moisson,
c'est, enfin, s'ouvrir à une existence de service : "Si quelqu'un veut
me suivre, poursuit Jésus, qu'il se mette à ma suite, et là où je suis,
là aussi sera mon serviteur". Tout débouche donc sur une communauté de
destin avec Jésus, qui amplifie, unifie et vivifie toutes les communions
humaines : avec Jésus nous entrons dans le dessein de Dieu, avec Jésus
nous devenons serviteurs et servantes du Père, avec Jésus nous
connaîtrons l'heure de passer du monde au Père. Mais nous savons que si
notre vie sur terre a été service, même notre mort en terre ne sera pas
stérile.
Si
dès aujourd'hui nous nous mettons à suivre Jésus, comme des passionnés
qui s'accrochent à la chance de leur vie, comme des assoiffés qui ont
trouvé la source, si nous servons, dans la paix, de toutes nos forces et
de toute notre joie, Jésus et son message là où il nous a placés, quand
"l'heure" sera venue, il nous placera là où il est, et nous saurons ce
qu'est le sourire de Dieu : "Si quelqu'un m'aime, dit Jésus, mon Père
l'honorera".
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Jeudi 4 avril 30
Lieu Jérusalem
Livre Tome 9 – ch 598.13 Préparation à la Passion
(…) Enfin Jésus arrive à l’endroit où se trouvent les païens, qui le saluent. « Paix à vous. Que voulez-vous de moi ?
– Te voir. Te parler. Tes propos nous ont troublés. Depuis
longtemps, nous désirions nous adresser à toi pour te dire que ta parole
nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment propice.
Aujourd’hui… tu parles de mort… Nous craignons de ne plus pouvoir nous
entretenir avec toi si nous ne saisissons pas cette occasion. Est-il
donc possible que les Hébreux puissent tuer leur meilleur fils ? Nous
sommes païens, et ta main ne nous a pas fait de bien. Ta parole nous
était inconnue. Nous avions vaguement entendu parler de toi, mais nous
ne t’avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois : nous te
rendons hommage. C’est le monde entier qui t’honore avec nous. – Oui, l’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié par les hommes et par les âmes. »
Maintenant, les gens entourent de nouveau Jésus, avec la
différence que les païens sont au premier rang, et les autres en
arrière. « Mais alors, si c’est l’heure de ta glorification,
tu ne mourras pas comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n’est
pas être glorifié que de mourir de cette façon. Comment pourras-tu
réunir le monde sous ton sceptre si tu meurs avant de l’avoir fait ? Si
ton bras s’immobilise dans la mort, comment pourras-tu triompher et
rassembler les peuples ? – C’est en mourant que je donne la
vie. En mourant, j’édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C’est
par le sacrifice qu’on obtient la victoire. En vérité, je vous dis que
si le grain de froment tombé à terre ne meurt pas, il reste stérile,
mais s’il meurt, il produit beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la
perdra. Qui hait sa vie en ce monde la sauvera pour la vie éternelle.
J’ai le devoir de mourir pour donner cette vie éternelle à tous ceux qui
me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui veut me servir vienne :
dans mon Royaume, la place n’est pas limitée à tel ou tel peuple. Que
celui qui veut me servir vienne à moi et me suive, et là où je serai,
sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert sera honoré par mon Père,
qui est l’unique vrai Dieu, le Seigneur du Ciel et de la terre, le
Créateur de tout ce qui existe. Il est Pensée, Parole, Amour, Vie,
Chemin, Vérité ; Père, Fils, Esprit Saint, un tout en étant trine, trine
tout en étant unique, le seul vrai Dieu.
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