« Les preuves de l’amour  et les signes du temps. »

Nous voilà à quelques semaines de la fête de Pâques, le temps passe et je me demande si je suis associé aux exercices spirituels  proposés aux chrétiens pour entrer dans ce temps fort de la vie  spirituelle.  Cela devient une banalité de dire que tout change pour la société,  et nous voyons bien qu’il en est de même pour nous. Nous pouvons être troublés par ces bouleversements qui atteignent chacun. Deux mots me viennent à l’esprit pour ne pas subir négativement ce qui peut nous dérouter et nous faire perdre nos repères : « résister et oser ». Comment faire ? Comment résister sans durcir nos comportements  au risque de devenir réactionnaires  au plus mauvais sens du terme. La résistance est positive si elle sait discerner l’essentiel de l’accessoire. Le  temps de carême est alors un retour sur soi et sur notre manière d’aimer Dieu et la Vie. Les repères basiques de la vie spirituelle, que sont la Prière, l’aumône et jeûne, sont des moyens pour atteindre l’unique nécessaire dans notre rapport à nous-mêmes, à toute la création, et au mystère Dieu. Quel combat !
Que sont devenues  ces réalités aujourd’hui ?  Dans le passé récent ces mots sont souvent tombés dans une forme d’habitude jusqu’à en perdre sens. Fort heureusement l’essentiel est réactivé par les difficultés de la vie. C’est pourquoi nous ne devons pas simplement observer ce qui disparait mais voir aussi ce qui nait et remplace le passé. C’est la force de l’Esprit qui suscite des actions nouvelles plus en lien avec des besoins nouveaux : en cela les catastrophes climatique, les migrations, les violences familiales ou humanitaires nous alertent.… Et là, le mot « oser » trouve aussi sa place dans ce monde nouveau. Il est audacieux de nommer  Dieu  « Père ».  C’est un premier acte de foi dont nous prenons  conscience. Ce terme-source  dit  l’énergie de l’amour et l’inespéré du pardon. Il fonde aussi la Fraternité entre tous, ce dont nous n’avons pas toujours conscience car père et frères  sont indissociables et également créateurs. 
Ce temps préparatoire à Pâques est comme une piqure de rappel de notre identité permanente. L’ordre nouveau auquel nous sommes associés peut laisser place à des fatigues, à des échecs, à des accidents de parcours mais toute l’année est un long exercice qui  donne des preuves d’amour,  envers nous-mêmes, envers la création et envers ce mystère de Dieu lui-même.  Ainsi chaque période de la vie, quelque soit notre âge et notre situation de bien-portant ou de malade, est le lieu des épreuves mais aussi la preuve de notre amour inconditionnel. 
Les lieux d’Eglise diminuent, (combien de paroisses ou de communautés disparaissent) mais nous ne pouvons faire l’économie d’un lieu qui rassemble ce «  Petit Reste » qui a traversé l’histoire humaine   et qui est significatif du sens de la vie pour tous.
La Fraternité quelle qu’en soit la forme et le rythme de rencontre révèle ce réseau de témoins qui assure des services, nouveaux, permanents ou ponctuels pour le bien de tous et devient facteur de communion. Pâques suscite, jour après jour, une vie nouvelle. Là est l’essentiel autour de la Personne de Jésus. Même si tous ne le savent pas,  nous formons une famille  et l’enjeu est essentiel pour la Vie. Il n’est pas trop tard pour commencer !
Fr. Thierry, Lille,
   le 27 mars 2019