dimanche 6 octobre 2019


L'ÉVANGILE DU JOUR
« Si vous aviez de la foi ! » (Lc 17, 5-10)
En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite prendre place à table’ ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ » 

1ère lecture et psaume du jour | Le saint du jour

MÉDITER AVEC LES CARMES
La journée est terminée, la nuit va tomber - elle tombe très vite en Israël - l'ouvrier agricole revient des champs, les jambes lasses. Va-t-il s'asseoir un instant, souffler un peu avant le repos de la nuit ? Non ! le temps de changer de tablier, et le voilà à la cuisine pour préparer le repas de son maître. Quand on est serviteur, on l'est du matin au soir...
Est-ce que Jésus présente comme un modèle ces coutumes sociales qui étaient courantes de son temps ? Veut-il nous inculquer l'idée d'un Dieu-patron, insensible à la peine que nous prenons pour lui ? Sûrement pas ! Il a même souligné à plusieurs reprises qu'il comptait bien, quant à lui, inverser les rôles :
"Vous devez être semblables, dit-il, à des hommes qui attendent leur maître lorsqu'il revient des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il viendra et frappera. Bienheureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. En vérité, je vous le dis : il mettra le tablier, les fera mettre à table, et, s'approchant, il les servira" (Lc 12,36s).
Et Jésus ajoutait : "Je suis parmi vous comme celui qui sert". C'est même l'un des derniers souvenirs qu'il ait voulu laisser de lui à ses disciples, puisque, la veille de mourir, il est passé parmi eux, avec un linge et un bassin, pour leur laver les pieds.
La pensée de Jésus est donc bien claire : il n'est pas question d'enfermer les serviteurs dans un fatalisme désespérant, et encore moins de considérer comme normales ces journées de dix-sept ou dix-huit heures qui sont encore le lot de tant d'hommes de par le monde, et chez nous-mêmes, le lot de tant de mères de famille.
Alors, où Jésus veut-il en venir ? Il veut simplement, à travers ce paradoxe, nous faire comprendre que vis-à-vis de Dieu qui nous a tout donné, nous n'avons pas de droits à faire valoir. Tout notre temps lui appartient d'avance, toutes nos forces doivent être tendues vers l'avènement de son règne d'amour, et c'est lui-même qui se réserve de nous donner le repos.
Au service des hommes et de la société humaine, il existe des congés payés ; au service de Dieu, il n'y aura pas de congés, et Dieu nous paiera à sa manière, comme il le voudra et quand il le voudra. Ce qui est certain, c'est qu'il fera bonne mesure; mais cela, c'est son affaire à lui.
D'instinct, nous serions prompts à nous récrier : "Quelle exigence !" Mais Jésus d'avance nous répond : "C'est une question de foi !". Si nous envisageons, dans la foi, cette vie de service, non pas comme la corvée d'un tâcheron, mais comme l'existence d'un fils dans la maison du Père, nous ne serons arrêtés ni par la crainte de manquer de forces, ni par l'ampleur démesurée de la mission que Dieu nous offre : "La foi, si vous en aviez seulement gros comme une graine de moutarde, vous diriez au sycomore que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer'. Il vous obéirait".
Certaines tâches, qui apparaissent, à vues humaines, comme impossibles ou très aléatoires, sont perçues en même temps comme urgentes pour le service du Père. Certains déracinements qui, dans un premier temps, semblent défier la sagesse et la prudence, s'avèrent des coups d'audace que le Père attendait de ses fils. Et il est des moments, dans notre existence de serviteurs, où nous nous sentons aussi démunis, aussi dépaysés, aussi désécurisés qu'un vieux sycomore planté dans la houle. Et pourtant, Dieu aidant, les fruits viendront.
Car le Seigneur, même sans se montrer, continue de parler à son peuple et à chacun des croyants que nous sommes, et sa voix jour après jour vient nous rappeler sa promesse, cette promesse paternelle qui un jour nous a mis en route : "Elle se réalisera, répète Habaqquq, mais seulement au temps fixé. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, à son heure".
En attendant, ce qui fait vivre, c'est la fidélité.

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