jeudi 3 octobre 2019

Porteurs de paix


méditation du jour
Porteurs de paix
Jésus envoie les siens dans une insolente nudité et, dirait-on, les démunit à plaisir. Cette disproportion entre les ouvriers et la carrière où ils entrent, cette précarité, ce désarmement, cette quasi-nullité de moyens est justement le critère évangélique par excellence ; elle est l’indice particulier et ordinaire de Dieu, en tout ce qu’il entreprend. Mais enfin les disciples ne sont pas si démunis de bagages et de provisions qu’ils n’aient absolument rien avec eux. Car ils ont tout de même quelque chose… « Pour commencer, vous direz : Paix à cette maison ! » Voilà la politesse de Dieu, lorsqu’il prend l’homme. Elle est en nos mains, elle est nôtre – « votre paix », dit Jésus – mais elle ne nous appartient pas. Un Autre nous l’a donnée. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27). Pour prendre le monde, en somme, ou plutôt pour que le Royaume prenne au monde, nous ne sommes munis que de ce qui ne nous appartient pas. Sans doute, c’est pauvreté considérable que de n’avoir ni bourse, ni manteau, ni sandales ; mais l’autre pauvreté, celle qui consiste à n’avoir que l’imprévisible et vulnérable paix de Dieu, est bien la plus essentielle et la plus radicale.
Frère François Cassingena-Trévedy, o.s.b.
François Cassingena-Trévedy, normalien, est moine de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé. Il enseigne à l’Institut supérieur de liturgie à Paris. / Sermons aux oiseaux, Genève, Ad Solem, 2009, p. 178-179.

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