En
ce temps-là, Jésus venait de dire à Pierre : « Suis-moi. » S’étant
retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus
aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine
de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? »
Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que
lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure
jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Le bruit
courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus
n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux
qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » C’est ce
disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons
que son témoignage est vrai. Il y a encore beaucoup d’autres choses que
Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que
le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on
écrirait.
Ce que l’Eglise nous fait lire dans la finale de l'Évangile de Jean, c’est une sorte d’évangile de l’amitié :
- amitié des apôtres galiléens qui partent pour la pêche, - amitié de Jésus, le Ressuscité, qui partage avec eux un repas de pain et de poisson, - amitié de Pierre pour Jésus, réaffirmée trois fois après le triple reniement, - amitié de Jésus pour Pierre, qui le suivra jusqu’à la mort violente,
- amitié, enfin, de Pierre et de Jean, nouée depuis longtemps à la
pêcherie, au bord du lac, et que Jésus a mainte fois mise à profit en
vue du Royaume.
Pierre
aurait pu se contenter de la consigne que Jésus lui laissait : « Toi,
Pierre, suis-moi ! », consigne qui était à la fois un programme de vie
et une prédiction sur sa mort ; mais Pierre, qui se soucie de Jean, son
ami, s’enhardit à demander à Jésus : « Et lui, Seigneur ? »
La
réponse de Jésus reste volontairement vague pour l’avenir : "Si je veux
qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ! Toi, suis-moi
!". Apparemment ces paroles de Jésus ne concernent que les deux
disciples ; en fait elles contiennent pour nous tous, disciples du
Seigneur, une grande leçon de liberté spirituelle.
Pierre
et Jean sont tous deux les amis du Seigneur, et même tous deux des amis
privilégiés ; or leurs destins seront très différents : Pierre, berger
du troupeau, n’aura pas le temps de sentir la fatigue d’une vie de
prédication, il mourra sous Néron ; Jean sera le témoin de Jésus dans la
durée, il aura à transmettre la flamme de la révélation aux deux
générations suivantes. Ainsi, à ses amis, à ses témoins, Jésus ne
demande ni la même vie, ni la même mort ; et la conséquence pour nous
est immédiate : nous n’aurons à copier la mort de personne sur terre, et
nous n’avons aucune vie à imiter. Nous n’avons pas à regarder autour de
nous, à droite ou à gauche, pour apprendre comment moduler notre
réponse à Dieu, et il serait illusoire de chercher des repères pour
nous-mêmes dans le cheminement des autres. "Que t’importe ce que
j’attends de l’autre, nous dit Jésus. Toi, suis-moi !". À quoi fera écho
la consigne de Paul : "Que chacun donne comme il a résolu dans son
cœur".
Nous
ne pouvons ni prévoir ni mesurer ce que Dieu donne aux autres et ce que
Dieu demande à d’autres, parfois proches de nous et très chers. Jésus
adresse à chacun/e un appel précis, personnel, singulier, et personne ne
peut jauger la fidélité d’autrui. L’important, pour tout disciple, est
de ne pas mettre de limites à sa propre réponse : "Toi, suis-moi !"
Certes
les chrétiens prennent souvent des engagements tout-à-fait similaires :
deux époux se promettent fidélité et soutien, au sein d’un unique
foyer; les consacré(e)s d’un même ordre promettent tous à Dieu la
pauvreté et l’obéissance dans le cadre parfaitement repérable d’une
même institution; et il est clair que ces promesses faites à Dieu
demeurent la pierre de touche de la fécondité ou du vide de nos
existences: "Toi, suis-moi. C’est ton devoir de me suivre, et c’est ton
vrai bonheur". Mais la mesure, la pesée, le discernement, ne valent qu’à
l’intime de chaque conscience. Je ne puis absolument pas, à partir de
ce que Dieu me demande, deviner ni mesurer ce qu’il demande à l’autre.
Le
sérieux ou la misère de notre réponse à Jésus est finalement affaire
personnelle ; c’est le test de notre amour pour lui, et nous ne pouvons
ni nous en remettre paresseusement à la fidélité des autres, ni tirer un
alibi de leurs faiblesses. Nous sommes toujours tentés de lire
notre vie dans le miroir de l’opinion des autres ou de lire leur vie au
miroir de notre propre senti. Jésus nous ôte doucement le miroir des
mains : "Que t’importe ! Toi, suis-moi".
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Mercredi 17 avril 30
Lieu Tarichée
Livre Tome 10 – ch 633.9 Glorification
(…) Mais Jean, après avoir ramassé les restes de pain, suit Jésus.
Pierre entend le bruit de ses pas et tourne la tête. Il voit Jean et
demande en le montrant à Jésus : « Et de lui, qu’arrivera-t-il ? – Si je veux qu’il reste jusqu’à mon retour, que t’importe ? Toi, suis-moi. »
Les voilà sur la rive. Pierre voudrait encore parler, mais la
majesté de Jésus, les paroles qu’il a entendues le retiennent. Il
s’agenouille et adore, imité par les autres. Jésus les bénit et les
congédie. Ils montent dans la barque et s’éloignent en ramant. Jésus les
regarde partir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire