« Ils virent Jésus qui marchait sur la mer » (Jn 6, 16-21)
Le
soir venu, les disciples de Jésus descendirent jusqu’à la mer. Ils
s’embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l’autre rive. C’était déjà
les ténèbres, et Jésus n’avait pas encore rejoint les disciples. Un
grand vent soufflait, et la mer était agitée. Les disciples avaient ramé
sur une distance de vingt-cinq ou trente stades (c’est-à-dire environ
cinq mille mètres), lorsqu’ils virent Jésus qui marchait sur la mer et
se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de peur. Mais il
leur dit : « C’est moi. N’ayez plus peur. » Les disciples voulaient le
prendre dans la barque ; aussitôt, la barque toucha terre là où ils se
rendaient.
Après
la multiplication des pains, les disciples semblent avoir attendu
longtemps Jésus, parti seul dans la montagne. Laissés à eux-mêmes, sans
consigne particulière, ils vivent ensemble l'absence de Jésus, si bien
symbolisée par la pénombre où ils se trouvent : "Déjà l'obscurité
s'était faite, et Jésus n'était pas encore venu à eux." Ils sont seuls,
comme ils seront seuls durant trois jours après la mort de Jésus.
Ténèbres extérieures, ténèbres intérieures : ils sont entrés
communautairement dans l'épreuve, et ils rament cinq ou six kilomètres
en direction de Capharnaüm, luttant contre la mer "qui s'est réveillée
au souffle d'un grand vent".
La
mer a toujours été, pour les Hébreux, l'élément redoutable par
excellence. Bien que le Créateur lui ait fixé une limite à ne pas
franchir (Jb 38,10), elle est, pour les croyants d'Israël, le symbole
des forces mauvaises dont Dieu seul peut triompher : "Lui seul a foulé
les hauteurs de la mer", dit Job (Jb 9,8), et un Psaume évoque le
Seigneur marchant sur les eaux démontées : "Sur la mer fut ton chemin,
ton sentier sur les eaux innombrables ; et tes traces, nul ne les
connut" (Ps 77,20).
Jésus,
sur la mer, vient au-devant de sa communauté. De cet épisode saisissant
Jean nous donne le récit le plus court, et sous la forme probablement
la plus primitive. Il résume le miracle et ne s'attarde pas à décrire
l'apaisement de la mer : dans cette marche de Jésus sur le lac il voit
avant tout une épiphanie, une manifestation de la majesté divine qui
habite Jésus. D'où la crainte sacrée qui saisit les disciples, crainte
que Jésus immédiatement veut écarter : "C'est moi ! cessez d'avoir peur
!"
La
veille, la foule, impressionnée par le miracle des pains, a voulu
acclamer Jésus comme le Prophète, comme un Messie politique ; mais aucun
de ces titres traditionnels ne rend vraiment compte de la mission et de
la majesté de Jésus. Le nom qui lui convient, c'est le nom de Dieu
lui-même, ce Dieu qui a nourri son peuple au désert, et qui auparavant
lui avait frayé un chemin dans les eaux. Jésus dit : "C'est moi", comme
Dieu si souvent l'a dit à son peuple. Jésus de Nazareth vient sur les
eaux comme Dieu seul l'a fait, et il réalise pour ses disciples ce que
Dieu promettait à son peuple par le prophète Isaïe : "Quand tu
traverseras les eaux, ne crains pas ! Je serai avec toi, car je suis le
Seigneur ton Dieu. Ne crains pas, car je suis avec toi" (Is 43,1-5).
Les
disciples veulent accueillir Jésus dans la barque, mais celle-ci
accoste à l'instant même, par la puissance divine, sans même que Jésus
soit monté à bord. Au moment même où les disciples reconnaissent Jésus
et veulent lui faire place parmi eux, "la barque touche terre au lieu où
ils se rendaient". La confiance en Jésus les a donc fait passer de la
mer menaçante à la terre ferme, du combat impuissant à la sécurité.
Arrachés au domaine de la mort, les voilà parvenus "au port de leur
désir" (Ps 107,30).
Jésus
les a nourris, puis il leur a donné de traverser la mer. Un double
symbolisme pascal sous-tend ici le texte évangélique, en référence au
don de la manne et au passage de la Mer Rouge, et cette double lumière
éclaire chaque jour notre cheminement personnel et communautaire : le
même Christ Ressuscité qui nous donne le pain de Dieu, sa propre chair,
est celui qui nous fait passer ensemble de ce monde au Père. Lorsque,
dans la foi, nous célébrons l'Eucharistie, nous reprenons des forces
pour la traversée des épreuves, et déjà, ensemble, nous accostons au
rivage de Dieu.
DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
Date Mardi 29 août 28
Lieu Tarichée
Livre Tome 4 - ch 274.2 2ème année vie publique
(...) Le bruissement des feuilles et le grondement des flots
remplissent maintenant l’espace, qui était si paisible peu de temps
auparavant. Jésus sort de sa méditation. Il se lève. Il
regarde le lac. A la lumière des étoiles qui restent et de cette pauvre
aube bien malade, il y cherche des yeux la barque de Pierre et la voit
s’avancer péniblement vers la rive opposée, mais sans y arriver. Alors
Jésus s’enveloppe étroitement dans son manteau dont il relève le bord,
qui traîne et qui le gênerait dans la descente, et il le passe sur sa
tête comme si c’était un capuchon. Il descend rapidement, non par la
route qu’il avait suivie, mais par un sentier rapide qui rejoint
directement le lac. Il va si vite qu’il semble voler. Il
parvient à la rive fouettée par les vagues qui forment sur la grève une
bordure bruyante et écumeuse. Il poursuit rapidement son chemin comme
s’il ne marchait pas sur l’élément liquide tout agité, mais sur un
plancher lisse et solide. Maintenant il devient lui-même lumière. On
dirait que le peu de clarté qui parvient encore des rares étoiles qui
s’éteignent et de l’aube orageuse se concentre sur lui et forme une
sorte de phosphorescence qui éclaire son corps élancé. Il vole sur les
flots, sur les crêtes mantes, dans les replis obscurs entre les vagues,
les bras tendus en avant. Son manteau se gonfle autour des joues et
flotte comme il peut, serré comme il est autour du corps, avec un
battement d’ailes. Les apôtres le voient et poussent un cri d’effroi que le vent porte à Jésus. « N’ayez pas peur. C’est moi. » La voix de Jésus, malgré le vent contraire, se propage sans difficulté sur le lac.
« Est-ce bien toi, Maître ? » demande Pierre. « Si c’est toi,
dis-moi de venir à ta rencontre en marchant comme toi sur les eaux. »
(...)
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