Jésus est là dans la barque ballotée par les vents et submergée par
la mer. Pourtant ni le fracas des vagues qui s’abattent sur le pont, ni
même le bruit sec des voiles giflées par le vent ne réussissent à le
réveiller. Il dort. Sans doute épuisé par des semaines de prédication
itinérante.
Ce qui va le réveiller, c’est la voix angoissée de ses disciples. Ils ne
crient même pas, ils prient : « Seigneur, sauve nous ! » C’est cette
prière angoissée qui le réveille. C’est la peur de ses disciples qui le
réveille. Parce que la peur fait beaucoup plus de bruit que la tempête
et que la mer. La peur est un bruit qui ne se raisonne pas, et qui
résonne à l’infini. Elle est un bruit qui se nourrit de tous les autres
pour les amplifier, les démultiplier et finir par les couvrir tout à
fait. La peur est un bruit suffisamment fort pour réveiller Jésus.
C’est une bonne nouvelle. Lorsque nous avons peur, Dieu nous entend.
Mais le problème de la peur, c’est qu’elle nous empêche d’entendre, à
notre tour, le doux son de l’espérance, la douce voix de la foi. Quand
la peur fait du bruit, nous perdons tout contrôle, elle occupe tout
l’espace et nous rend sourds à tout le reste. Alors nous sommes
submergés par son brouhaha. Jésus va calmer la mer et le vent, c’est une
image pour dire qu’il ramène la paix dans le cœur de ses disciples,
mais il le fait d’une voix forte. Peut-être faut-il comprendre que
lorsque la peur crie trop fort en nous, il nous faut hausser le ton et
oser l’affronter : silence !
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