Dangereuse la prière ? Bien sûr, elle est, par excellence, une bonne
chose, à laquelle Jésus nous exhorte sans cesse. Mais le risque, c’est
d’en tirer orgueil. Quand une prière est ostentatoire, ne trahit-elle
pas un désir de briller devant les hommes ? Il faut donc prier
secrètement. Certes, on ne cherche plus l’admiration du monde, mais
n’a-t-on pas simplement remplacé l’orgueil devant les hommes par
l’orgueil devant Dieu ?
Finalement, pour la prière, comme pour le jeûne, notre attitude va être
jugée. Simplement, il faut choisir son juge : Dieu ou le monde ?
Sans hésitation, c’est le Seigneur qu’il faut choisir ! D’abord parce
qu’il est un juge qui nous aime, miséricordieux et plein de bonté. Le
monde, au contraire, est ambigu, inconstant dans son jugement. Il peut
porter aux nues un homme et le crucifier ensuite. Albert Camus l’a bien compris, qui déclare : « Le jugement de Dieu, je l’attends de pied ferme : j’ai connu ce qu’il y a de pire, qui est le jugement des hommes. »
Par ailleurs, la prière s’inscrit dans une relation d’amitié entre Dieu
et moi. C’est un acte trop intime pour être soumis à l’appréciation
d’une personne extérieure. Une vraie relation avec quelqu’un qu’on aime
est faite de paroles, de gestes, de silences que nul ne peut comprendre
que les deux qui s’aiment. L’amour fait entrer dans un monde nouveau,
insaisissable du dehors.
« Mon bel amour mon cher amour,je te porte dans moi comme un oiseau blessé, et ceux-là sans savoir nous regardent passer » (Louis Aragon).
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